À l'occasion de la journée mondiale du rein, la fédération Reinomed met en avant la forte mobilisation des acteurs de dialyse lors de la pandémie de Covid-19. Dès mars 2020, l’émergence du nouveau coronavirus a contraint l’ensemble des établissements de l’ancienne conférence des présidents et directeurs d’associations de dialyse (CPDAD), désormais Reinomed, à se réorganiser pour limiter la transmission du SARS-CoV-2 à ses patients particulièrement vulnérables vis-à-vis de l’infection mais également très exposés au risque de contagion.
Depuis le 1er janvier 2021, la fédération Reinomed a succédé à la CPDAD, cette association loi de 1901 « née en 2000 de la volonté de mutualiser les forces pour améliorer les pratiques » et regroupant 23 établissements de santé privés non lucratifs. Intervenant aussi bien dans la prévention, l’accompagnement et le traitement des maladies rénales chroniques, la fédération prend en charge 11 000 patients dialysés, soit 42 % de l’ensemble des dialysés en France, et assure 90% de l’hémodialyse et 70 % des dialyses péritonéales à domicile.
L'atout des unités de petite envergure
La répétition des séances de dialyse, la fréquence des rendez-vous médicaux, notamment dans des établissements de santé amenés à concentrer des patients touchés par le Covid-19, l’exposition dans les transports, y compris sanitaires, sont autant de situations à risque de contracter le virus. « Rapidement, les structures de dialyse ont donc aménagé leurs filières de soins, organisé un cohorting [évaluation à l’entrée et filières Covid distinctes selon les patients suspects/confirmés N.D.L.R] pour limiter la contagion », indique le Pr François Vrtovsnik, vice-président de la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT) et néphrologue à l’hôpital Bichat de l’AP-HP à Paris.
Les quelques 800 unités de dialyse de petite envergure disséminés sur l’ensemble du territoire ont constitué, dans ce cadre, un véritable atout pour limiter la dissémination du virus. « Ces unités périphériques ont pu être mises à profit pour optimiser les mesures d’isolement, ce qui nous a aidé à contenir l’épidémie », souligne le Dr Pierre-Yves Durand, néphrologue et président du syndicat des néphrologues associatifs. Les déplacements des patients pris en charge à domicile ont également été restreints : « Ces patients, qui se déplaçaient pour des consultations ou leur suivi médical, ont bénéficié de la téléconsultation avec, si nécessaire, des visites à domicile effectuées par des équipes mobiles d’infirmiers », complète Philippe Roland, secrétaire général de Reinomed. « Même chose pour les patients en pré-suppléance suivis par les équipes médicales ou les patients transplantés », ajoute-t-il. La greffe rénale, elle, a dû être suspendue lors de la 1ère vague.
Sanctuariser les vaccins
Dans ce contexte particulier, la vaccination représente un enjeu majeur pour les patients atteints de maladie rénale chronique, considérés comme prioritaires. « Ils sont globalement déjà très sensibilisés à l'importance de la vaccination contre la grippe, contre les hépatites et contre le pneumocoque », souligne le Pr Vrtovsnik. « Ils savent qu’ils sont plus à risque de contracter une infection, que leur réponse vaccinale est souvent moins bonne et que la protection vaccinale nécessite souvent des protocoles particuliers de vaccination », ajoute-t-il.
À l’heure actuelle, 10 000 patients dialysés qui ont pu être vaccinés avec, cependant, des taux de vaccination très variables d’une région à l’autre. « Les doses de vaccins sont en cours de sanctuarisation dans les centres de dialyse afin de permettre de vacciner ces patients de manière prioritaire, au-delà de ce qui a déjà pu être fait dans les centres de vaccination », souligne le néphrologue.
Selon l’Agence de la biomédecine, au 1er mars 2021, 8000 patients dialysés ou greffés avaient contracté le Covid-19, dont 6048 dialysés, avec une mortalité moyenne de 16% et des séquelles chez 17% des patients. Pour les dialysés, la majorité des contaminations a eu lieu en dehors des centres de dialyse.
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