• Combien de divisions ? Quels mots d’ordre ?
Il y a une semaine, quelque 2 000 internes de spécialité (sur 12 000) et chefs de clinique ont battu le pavé dans le cadre d’une grève nationale à Paris (les internes de médecine générale de l’ISNAR-IMG ne s’étaient pas associés au mouvement). Les mots d’ordre étaient pluriels mais s’articulaient autour de quatre thématiques : les conditions de travail (à la lumière d’une enquête de l’ISNIH qui a révélé les cadences infernales des internes et le non-respect fréquent du repos de sécurité); la défense de la liberté d’installation que les internes jugent menacée; la préservation de l’indépendance vis-à-vis des complémentaires (que remettrait en cause une proposition de loi socialiste autorisant les mutuelles à mettre en place des réseaux avec remboursements différenciés); enfin la participation active des structures jeunes aux négociations conventionnelles. Paradoxalement, c’est la problématique des réseaux et des contraintes possibles sur l’exercice libéral qui n’a cessé de monter en puissance. « C’est devenu le sujet de mécontentement principal des internes », assure Emanuel Loeb, patron de l’ISNIH, interne à Caen.
• La réaction du ministère, les avancées
Très inquiet d’une agrégation des différentes colères des jeunes, Marisol Touraine a multiplié les signaux adressés aux futurs médecins, avant, pendant et après la mobilisation. Avant la journée d’action, la ministre de la Santé a reçu les structures jeunes et tenté en vain de dissiper leurs inquiétudes sur la liberté d’installation, l’évolution nécessaire du cadre conventionnel et les réseaux des mutuelles. Puis Marisol Touraine s’est fendue d’une longue « lettre aux internes » en forme de message d’apaisement. « J’entends vos inquiétudes (...). Je connais votre engagement (...). Vous êtes en première ligne...». La ministre y excluait toute contrainte à la liberté d’installation. Son directeur de cabinet et la DGOS (Direction générale d’offre de soins) ont ensuite pris la main, lancé un cycle de réunions sur les conditions de travail des internes qui aboutira sur des propositions concrètes en janvier. Au menu : temps de travail, gardes et astreintes, temps de formation et stages, application stricte de la circulaire du 10 septembre sur le repos de sécurité, protection sociale...
Dans un autre registre, la ministre de la Santé a promis une mission IGAS sur la rénovation de la politique conventionnelle (sans remettre en cause les accords déjà signés).
Enfin, selon plusieurs représentants des jeunes, le directeur de cabinet de Marisol Touraine aurait signifié sa volonté de calmer le jeu sur la question sensible des réseaux de soins. La PPL socialiste pourrait être reportée en début d’année prochaine après des auditions préalables.
• Et demain ?
L’ISNIH devait consulter sa base ce week-end, lors d’une assemblée générale, pour arrêter sa stratégie (suite de la mobilisation et participation aux groupes de travail). Des villes plaident pour la poursuite voire le durcissement du mouvement, d’autres sont très en retrait. Un groupe « Facebook » s’est constitué en vue d’une nouvelle manifestation le 20 novembre. « Mais il faut aussi prendre en compte la réalité du terrain et la difficulté pour les internes de faire grève, de lâcher leur service, leurs patients et d’être privés d’une partie de leur salaire, explique Emanuel Loeb. Il y a aussi des patrons qui font pression sur les internes de chirurgie pour qu’ils rentrent dans le rang ».
Point fort du mouvement des internes : jusque-là, il a le soutien massif de l’opinion publique, comme l’a montré un sondage BVA pour « Les Échos » (86 % des Français jugent leur mouvement justifié). Point faible : les structures jeunes sont divisées entre elles (contrairement à 2007), un éclatement qui profite au ministère. Si les internes de spécialité et les chefs restent très remontés, les internes de médecine générale et les étudiants de l’ANEMF se sont désolidarisés d’emblée d’un mouvement jugé trop éclaté ou inapproprié.
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