IL ÉTAIT courant de dire que le PS aux affaires est toujours plus prompt à réaliser des réformes de société que des réformes économiques. C’est moins vrai aujourd’hui : le pouvoir mène tambour battant des changements de mœurs et des options socio-économiques plus en phase avec la dure réalité. L’adoption du pacte de compétitivité et son accélération (M. Hollande a décidé que les entreprises en bénéficieraient dès l’année prochaine) aura été le premier grand virage du quinquennat, quoi qu’en disent ceux qui le réclamaient à grands cris pour manifester ensuite une déception insincère.
Malheureusement pour lui, le courage de M. Hollande lui vaut, malgré de nombreuses mesures en faveur des précaires, les grognements à peine contenus de la gauche du PS, et les attaques les plus vigoureuses des communistes du Parti de gauche et des Verts. Conformément à sa nature sereine, le chef de l’État s’en accommode, d’une part parce qu’il ne panique jamais, d’autre part parce qu’il dispose, à l’Assemblée, de la majorité absolue. Il peut se passer des voix des partis satellites de la gauche pour autant qu’il ait jamais compté sur elles.
Mansuétude et autorité.
Cette attitude est valable dans l’immédiat. Mais François Hollande pense au long terme. Il est obsédé par l’application de ses promesses électorales et il est assez astucieux pour offrir à la gauche de la gauche des réformes de société qui font consensus dans sa majorité actuelle et compensent les terribles désillusions sociales qu’entraîne sa politique économique. Avec Christiane Taubira à la Justice et Manuel Valls à l’intérieur, il peut exciper d’un mélange de mansuétude et d’autorité. Ferme sur l’immigration clandestine, compassionnel pour le sort des mineurs délinquants. Implacable sur le terrorisme, moderniste sur le mariage homosexuel. Dans ce parcours où il avance à marche forcée malgré ses airs de ne pas y toucher, couacs et contradictions peuvent se produire : le droit de vote des étrangers non européens est différé, le gaz de schiste ne hérisse plus le poil, l’aéroport de Notre Dames-des-Landes sera construit, en dépit d’une opposition forcenée des militants écologistes, si forcenée qu’elle aurait peut-être fait reculer un pouvoir de droite. L’entêtement du président est-il lié à la nécessité irréfragable de construire cet aéroport ou à son amitié avec le Premier ministre, ancien maire de Nantes ?
REFORMES MORALES ET ECONOMIQUES SONT MENEES DE FRONT
Et la loi sur le mariage homosexuel sera bientôt promulguée, malgré le rejet des Églises, malgré le malaise des conservateurs ou de ceux qui soutiennent le mariage traditionnel, religieux ou civil. Mais quand Civitas brutalise devant les caméras des jeunes femmes urkrainiennes de Femen qui contre-manifestent en faveur du mariage homosexuel, on pense à Poutine et aux Pussy Riots ; la colère civique oublie la gauche et vise des militants religieux trop musclés pour être honnêtes. De ce point de vue, M. Hollande tire la leçon du mitterrandisme : une réforme apparemment inapplicable dans une société qui n’est pas encore mûre pour le changement peut être lancée. C’est de cette manière que la peine de mort a été abolie en France. C’est de cette manière que passera le mariage gay ; et aussi l’adoption d’enfants par des homosexuels, qui, pourtant, pose un problème plus vaste car elle porte atteinte au statut des familles hétérosexuelles.
M. Hollande croit en l’énergie cinétique du changement, en un mouvement qui crée des faits accomplis parce que la réforme considérée comme insupportable au moment où elle est adoptée finit par s’imposer sous l’effet de l’accoutumance. Cela ne l’exonère pas d’une tâche essentielle pour un homme qui entend bien obtenir un second mandat. Il s’agit soit de renforcer la majorité actuelle, en gagnant les échéances électorales qui jalonnent le quinquennat, soit d’en trouver une autre. Ce qui ne serait pas impossible si l’explosion de l’UMP se produit, si le Front national engrange des adhérents et des succès électoraux, si François Bayrou ressuscite, si l’UDI redevient l’UDF. Une sorte de renversement des alliances deviendrait d’autant plus logique que le plan de sortie de crise de M. Hollande a arraché définitivement ce que président pouvait avoir de doctrine et de sectarisme.
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