« DE MÊME qu’il y a eu un avant et un après Tchernobyl, il y aura un avant et un après Fukushima », considère Alain Carpentier, président de l’Académie des Sciences. « L’après Fukushima naîtra de la réflexion que doivent engager les instances scientifiques internationales », déclare-t-il. Quelques semaines après le séisme, le tsunami au Nord-Est du Japon et l’accident nucléaire de Fukushima, le Scientific Council of Japan lançait un appel aux instances scientifiques du monde entier pour coopérer sur l’analyse du désastre.
En France, l’Académie des Sciences a mis en place le groupe de travail « Solidarité Japon ». Elle publie ce mois-ci un rapport qui aborde notamment les conséquences sanitaires et environnementales de la catastrophe de Fukushima, à la lumière des données disponibles au 11 novembre dernier. « Bien que les deux accidents nucléaires de Tchernobyl et Fukushima soient classés au même niveau maximal 7 de l’échelle internationale INES, l’accident de Fukushima a indiscutablement moins de conséquences sanitaires envisageables », souligne l’un des sous-groupes de Travail « Solidarité Japon » coordonné par Etienne-Emile Baulieu, ancien président de l’Académie. Globalement, la radioactivité rejetée à Fukushima représente 10 % de celle de Tchernobyl mais les niveaux de radioactivité au sol dans les zones les plus contaminées sont toutefois comparables.
Anxiété durable.
Conforme aux recommandations de la Commission internationale pour la protection radiologique (CIPR), la gestion de l’accident de Fukushima retenue par les autorités japonaises a pour objectif « d’éviter tout impact sanitaire (en visant une dose cumulée sur plusieurs années de l’ordre de 100mSv) et de mettre en place un suivi sanitaire sur 30 ans pour une population évaluée à environ 400 000 personnes », rappelle le rapport. « Compte tenu de la rapidité de l’évacuation (de la zone de 30 km autour de la centrale), des mesures de restriction de consommation des produits locaux de la chaîne alimentaire, de la distribution d’iode stable et de l’imprégnation iodée importante au Japon, il est vraisemblable que les niveaux de contamination interne de la population sont faibles », explique le groupe de travail. L’été dernier, les autorités japonaises ont décidé la mise en place d’un suivi épidémiologique de l’ensemble de la population de la préfecture de Fukushima, soit 2 millions de personnes.
« En matière de conséquences médicales et sanitaires, le tableau est actuellement dominé par les problèmes de vie quotidienne et par l’anxiété, consécutifs au traitement de la crise », notent les experts. Déplacement de 100 000 personnes, contamination des sols, de la faune et de la flore, économie en berne, état de stress post-traumatiques pouvant aller jusqu’au suicide, l’impact de Fukushima sera durable. « Le risque résiduel est ou peut-être perçu comme supérieur à l’événement catastrophique lui-même. Peut-être pas en termes de morts à venir et de cancers radio-induits, mais en termes de permanence d’un environnement menaçant, hostile et souillé », relève le rapport. En outre, l’impact de Fukushima sur la perception du risque nucléaire a très rapidement dépassé les frontières de la zone contaminée et du Japon. « L’enjeu du nucléaire civil va se jouer sur la capacité à rendre crédible une possible réduction progressive du risque résiduel », indique le groupe de travail qui émet plusieurs recommandations en ce sens dans les domaines de l’organisation de l’industrie nucléaire, l’éducation, l’information, la communication, la recherche ou la gestion sanitaire.
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