L’INITIATIVE de M. Carayon a fait florès. Le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, entend rencontrer le P-DG d’Air France incessamment. Il a de bonnes raisons. La France est en Europe et n’est contrainte de respecter les règles du libre-échange qu’au sein de l’Union européenne. Elle a des problèmes industriels et d’emploi. Son partenaire américain n’est pas particulièrement généreux, qui a bloqué un énorme contrat avec Airbus pour la livraison d’appareils de transport militaire au profit de Boeing (Airbus a fait appel de la décision et l’affaire n’est pas tranchée).
Calamité.
Sous l’effet de la crise, les réflexes protectionnistes se multiplient. Le projet de PSA de délocaliser deux sites français de production, dont celui d’Aulnay-sous-Bois, a été accueilli par la colère syndicale, mais aussi par un rappel à l’ordre du gouvernement, qui n’a pas manqué de souligner que Peugeot-Citroën avait bénéficié d’une aide substantielle de l’État pendant la crise (aide que la compagnie a remboursée) et que, dans ces conditions, la protection de l’emploi en France devrait être sa priorité. La crise a transformé la mondialisation en calamité. Les gouvernements s’efforcent de lutter contre elle en édictant de nouvelles règles qui régiraient le commerce extérieur et le choix des sites de production. Malheureusement, le remède risque d’être pire que le mal. D’autant que M. Carayon et M. Lellouche ne sont pas d’une discrétion exemplaire (les élections ont lieu dans moins de onze mois). Ils expriment publiquement leur philosophie protectionniste. Certes, le marché d’Air France portera sur des dizaines de milliards d’euros. Mais il ne faut pas croire que les États-Unis vont accepter sans broncher qu’on leur marche sur les pieds. En quarante ans, Airbus a vendu 2 600 appareils de toutes sortes et de tous gabarits aux États-Unis. Or on peut faire qu’une fois un mauvais coup à Boeing ; les Américains dénonceront la mauvaise manière que leur fait la France et, pour assurer un contrat de quelques dizaines d’avions de ligne, on sacrifiera un marché à long terme de plusieurs milliers d’appareils. Le protectionnisme rampant est vite détecté. Quand il est clamé haut et fort par des élus et par le gouvernement, il peut être dévastateur.
LE PROTECTIONNISME EST UN BOOMERANG
La direction et les pilotes d’Air France semblent consternés par la démarche des élus. Ils insistent sur la liberté d’Air France dans ses choix industriels ; ils montrent que le mix Airbus-Boeing résulte d’études extrêmement minutieuses incluant les coûts d’exploitation et d’entretien. Il ne faut pas, pour assurer l’avenir d’Airbus (société européenne et non française, rappelons-le) obscurcir celui de notre transporteur aérien national.
Un équilibre.
Vraiment national ? L’État ne détient plus que 15 % de la valeur d’Air France qui est donc maintenant une société presque privée, obéissant uniquement à des critères de développement et de profit. L’intervention de l’État dans les choix industriels de cette société n’est ni tout à fait légale ni logique. Le panachage qu’Air France avait décidé conformément à ses intérêts avait beaucoup de vertu. Il laissait entendre que la bonne conduite des Français sur le plan des échanges méritait une contrepartie américaine ; il préservait les parts de marché américain conquises par Airbus ; il avait établi une sorte d’équilibre. Il faut aussi comprendre que la mondialisation n’a pas le même visage partout dans le monde. La concurrence entre la France (ou l’Europe) et l’Amérique porte sur les performances technologiques et sur des prix forcément comparables, les ouvriers américains n’étant pas payés avec un lance-pierres. Il s’agit d’une compétition infiniment plus saine que celle de la Roumanie ou de la Chine, où les salariés touchent des gages parfois cinq à dix fois inférieurs à ceux des Français. La mondialisation fait des ravages parce que les niveaux de rémunération en France et dans les pays émergents sont incomparables. Elle est bien moins pernicieuse entre deux pays « riches ». Bien entendu, le taux de change du dollar par rapport à l’euro demeure favorable aux États-Unis. Mais c’est aussi une aubaine pour Air France, qui paie moins cher les Boeing qu’elle achète.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité