AU MOINS théoriquement, il n’est pas question, pour la France, de rester indéfiniment au Mali. M. Hollande devra bientôt montrer qu’il n’y a pas de contradiction entre notre retrait d’Afghanistan et notre intervention dans le Sahel. Cela passe par un rapatriement relativement rapide, quelques semaines ou quelques mois, des quelque 2 500 soldats que nous y avons envoyés. Malheureusement, il n’est pas logique, sur le plan stratégique, de confier le Mali aux Maliens et à une force africaine. C’est la déliquescence de l’État malien qui a permis aux Touaregs de se soulever dans le Nord et de faire le lit des groupes fondamentalistes. Le rétablissement des institutions du pays, la formation d’une force malienne capable de tenir tête à des groupes surarmés, la capacité des soldats tchadiens, nigérians, burkinabé et autres, de former une troupe cohérente et efficace représentent des tâches qui n’ont pas pu être accomplies avant le soulèvement des Touaregs. Les États-Unis eux-mêmes, qui avaient tenté de former l’armée malienne, n’y sont pas parvenus, comme l’a démontré l’effondrement des forces de défense face à la progression des terroristes.
Ils reviendront.
Les Français, pour leur part, savent pertinemment que, si les djihadistes n’ont pas offert de résistance à leur progression, c’est pour réduire leurs pertes et conserver leurs armes. Ils se retirent dans des montagnes où il est peu probable qu’on aille les chercher. Le départ des Français donnera le signal d’une nouvelle offensive fulgurante des intégristes. Le courage politique du président, sa sérénité devant l’isolement de la France dans cette affaire, la manière efficace dont il a conduit l’intervention française avec son ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, sont indiscutables et ne pâtissent nullement du dilemme auquel il est maintenant confronté. Mais le dilemme existe et, plus il dure, plus le nombre des critiques va augmenter. Il n’y a pas de guerre propre et celle-ci a déjà fait beaucoup de victimes innocentes : exactions commises par les troupes maliennes, actes de vengeance contre les Touaregs, qu’ils soient ou non favorables à l’arrivée des Français, problème politique sérieux posé par la demande d’autonomie ou d’indépendance des Touaregs du Nord, qu’ils ont appelé Azawad.
Inutile de dire que, à Bamako, où un président par intérim, qui n’a pas mis au pas des militaires putschistes, n’a sans doute pas la carrure pour rétablir l’ordre et a fortiori pour discuter avec les Touaregs, la question de l’Azawad est au bas de la liste des priorités. C’est la particularité des États déficients d’abandonner des responsabilités vitales à une ou plusieurs autres puissances, dans une forme inversée de colonialisme souhaité. Mais M. Hollande ne peut pas entrer dans ce jeu. Il adoptera donc une position de compromis en agissant sur tous les tableaux : il faudra à la fois maintenir la pression sur les États africains pour qu’ils restent au Mali au nom de leur propre intérêt ; poursuivre la formation des combattants maliens même si les résultats de cette formation sont clairement insuffisants ; leur apprendre à tenir une position sans s’enfuir ; évacuer alors le plus grand nombre de soldats français tout en laissant sur place des forces spéciales qui s’efforceront de donner l’alerte si les djihadistes font mine de revenir, ce qui est une certitude plus qu’une probabilité. Ce sera, assurément, un système fragile et bancal dont le seul avantage est de nature politique. Il s’agit de dire que nous n’obéissons à aucun réflexe néocolonial ; de montrer que nous avons secouru des populations persécutées ; que l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et les autres pays limitrophes du Mali sont directement concernés par le danger qui pèse au Sahel et, moins directement, sur la France et l’Europe.
EN SE RETIRANT, LES DJIHADISTES ONT CONSERVE LEURS FORCES ET LEURS ARMES
On a évoqué dans la presse non seulement l’immobilisme européen, mais celui des États-Unis, qui voulaient nous faire payer l’usage de deux avions de transport, y ont renoncé devant notre mauvaise humeur, et nous ont même fourni un avion-espion. Il ne faut pas s’y tromper : Barack Obama n’a pas l’intention, pendant son second mandat, de revenir en force sur la scène du Proche-Orient ou de l’Afrique. Les crises qui se produisent dans ces régions l’embarrassent dans la mesure où elles tendent à lui forcer la main, alors qu’il a institué le principe d’une Amérique plus neutre qui ne joue plus le rôle de gendarme du monde. La France, qui ne peut plus guère compter sur l’Amérique, n’a pas trouvé en Europe le relais indispensable.
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