Endométriose

En finir avec l'errance diagnostique de 6 à 8 ans

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Publié le 19/12/2016
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Crédit photo : PHANIE

L'endométriose, maladie gynécologique chronique touche environ 15 % des femmes en âge de procréer. Et 30 à 50 % des femmes infertiles le sont en raison d'une endométriose qui par ailleurs augmente de 10 % le risque de fausse couche, selon une étude française conduite à l'Hôpital Cochin (Paris) par le Dr Pietro Santulli (Unité 1016 INSERM/CNRS/université Paris Descartes).

C'est dire l'intérêt de l'identifier rapidement pour ne pas compromettre les chances de grossesse, spontanée ou par procréation médicalement assistée. Les symptômes, essentiellement dysménorrhée, dyspareunie profonde, douleur pelvienne chronique, dysovulation, dysurie et défécation douloureuse (dyschésie), sont autant de points d'appel, qui s'expriment de façon variable, voire pas du tout, la découverte de la maladie se faisant dans ces cas à l'occasion d'un bilan d'infertilité notamment. Elle se présente sous trois formes principales : une pathologie péritonéale superficielle à l'origine de dysménorrhées secondaires ; une endométriose ovarienne (kystes endométriosiques) ; une endométriose pelvienne profonde, qui infiltre les organes pelviens (rectum, vessie, vagin et ligaments utérosacrés), produisant des douleurs « localisatrices » souvent importantes et des symptômes « d'organe ».

Cartographie complète des lésions

Préalable à la prise en charge, sur mesure, une cartographie complète des lésions à l'aide de l'imagerie (échographie pelvienne, IRM pelvienne avec balisage rectal et vaginal). En cas de douleurs et lorsque la patiente n'a pas de désir de grossesse, le traitement de première intention est médical, hormonal, destiné à provoquer une aménorrhée (contraceptifs œstroprogestatifs, progestatifs ou analogues de la GnRH). La chirurgie est indiquée en cas d'échec du traitement médicamenteux. Chez une patiente en désir de grossesse, infertile, une assistance médicale à la procréation et/ou une chirurgie en 1re ou 2e ligne est à discuter en réunion de concertation pluridisciplinaire, la chirurgie améliorant le taux de grossesse spontanée de 50 % et de 70 à 80 % en cas d'assistance médicale à la procréation. Une fois la grossesse commencée, le taux de fausses couches au premier trimestre est de 29,1 % pour les femmes ayant une endométriose, contre 19,4 % pour les femmes indemnes de la maladie, soit un écart de près de 10 %. Les liens biologiques entre ce surrisque de fausse couche et l'endométriose restent à découvrir. Enfin, un programme de recherche a débuté, piloté par le Dr Louis Marcellin (à Cochin toujours), qui vise à étudier l'impact de l'endométriose sur différents paramètres de la grossesse, et réciproquement. La grossesse en effet paraît améliorer les symptômes de la maladie.

Des recommandations concernant la prise en charge de l’endométriose sont en préparation à la Haute Autorité de santé et des centres experts devraient voir le jour afin de permettre une meilleure prise en charge de l'endométriose.

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du médecin: 9544