Le nombre de naissances chez les femmes de moins de 20 ans en Angleterre* est à la baisse, et se rapproche ainsi des valeurs retrouvées dans les autres pays d'Europe de l'ouest. C'est ce que montre une étude publiée ce jeudi 22 septembre par l'Institut national d'études démographiques (INED).
L'écart reste néanmoins de taille, puisqu'entre 2010 et 2015, les jeunes anglaises ont tout de même mis au monde 2 fois plus d'enfants que leurs homologues françaises ; Ce phénomène est d'ailleurs généralisable à tous les pays anglo-saxons, note l'auteur de l'étude, John Tomkinson, chercheur à l'université de Strasbourg et à l'INED. On retrouve en tête en liste les États-Unis, avec 30 naissances annuelles pour 1 000 femmes pendant cette même période.
Sex, contraception et IVG
Si la plus grande fécondité des plus jeunes ne semble pas avoir un lien avec la fécondité totale de ces pays, d'autres facteurs entrent en compte.
Si on se reconcentre sur l'Angleterre, les Anglaises seraient légèrement plus précoces sexuellement que les Françaises et, surtout, elles seraient moins portées sur la contraception. « On le sait car on connaît le recours à la contraception lors du premier rapport, qui est fortement corrélé à l’utilisation de la contraception ensuite et en est un bon indicateur », souligne-t-il. L’Angleterre et la France se distinguent des autres pays d'Europe par une fécondité plus élevée que la moyenne : respectivement 1,9 et 2,0 enfants par femme au début des années 2010 (contre 1,6 en moyenne en Europe nettement en dessous du seuil de remplacement des générations).
Si l'offre de contraception a été plus tardive en France qu'en Angleterre, les jeunes françaises se sont vite rattrapées pour dépasser les anglaises, avec une utilisation massive du préservatif lors du premier rapport, ainsi qu'une forte augmentation de la double protection - pilule et préservatif - lors du premier rapport.
Le phénomène tient également à un recours plus fréquent à l’interruption volontaire de grossesse en France qu’en Angleterre à ces âges-là, rapporte John Tomkinson.
Enfin, la fécondité et le recours à l’IVG varient selon le milieu socio-économique, surtout en Angleterre. « Devenir mère est pour certaines jeunes filles peu instruites et à l’avenir incertain une façon d’acquérir un statut social. Leur grossesse est donc désirée pour une partie d’entre elles. Mais si la fécondité avant 20 ans est plus élevée en Angleterre qu’en France dans les catégories défavorisées, elle l’est également quel que soit le niveau d’instruction et le type d’activité » note-t-il.
Le fossé se comble
Malgré cela, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, le comportement des jeunes anglaises serait en train de se rapprocher de celui des jeunes françaises, grâce à une meilleure information et un recours plus important à la contraception et à l'IVG, estime le chercheur. Ces changements de comportements « tiennent en partie à une volonté affirmée du gouvernement travailliste de l’époque de réduire la fréquence des grossesses chez les moins de 20 ans, et au programme mis en place, le “Teenage Pregnancy Strategy” ».
* L'étude englobe Angleterre et le Pays de Galles.
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