L'espérance de vie ne progresse plus en France, du moins ces trois dernières années, en raison de la pandémie de Covid, mais aussi des grippes saisonnières et des épisodes de canicule, met en lumière le bulletin « Population et sociétés » de mars 2023, de l'Institut national d'études démographiques (Ined).
L’espérance de vie à la naissance a atteint 79,3 ans pour les hommes et 85,2 ans pour les femmes en 2022, des chiffres stables par rapport à 2021, qui ne rattrapent pas le niveau de 2019 (79,7 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes).
« Replacées au sein des évolutions de plus long terme, depuis 1994, les fluctuations annuelles de l’espérance de vie de ces dernières années révèlent un essoufflement des progrès », écrit le démographe Gilles Pison.
Incertitude sur la persistance du phénomène
L'épidémie de Covid-19 explique en grande partie ce phénomène, puisqu'elle est à l'origine de nombreux décès en 2020, 2021 et 2022. Les grippes hivernales qui se sont révélées particulièrement meurtrières depuis 2014 ont aussi ralenti les progrès de l'espérance de vie. La surmortalité a été d’environ 20 000 décès supplémentaires (en majorité de personnes âgées) durant les hivers 2016-2017 et 2017-2018, et 12 000 dans l’hiver 2018-2019 ; et elle serait directement imputable à la grippe dans 70 % des cas.
Jouent aussi des variations climatiques extrêmes, notamment les trois épisodes de canicule de l’été 2022. La surmortalité qui en a résulté, combinée à celles liées au Covid-19 et à la grippe (qui a frappé deux fois, au printemps 2022 et à l'hiver), explique sans doute la stagnation de l’espérance de vie en 2022, lit-on.
« Mais il est encore trop tôt pour savoir si, au-delà de l’effet conjoncturel des épidémies et des canicules, la tendance de fond est affectée avec un ralentissement des progrès de l’espérance de vie tenant à d’autres causes », met en perspective Gilles Pison.
Peu d'impact du Covid sur les naissances
Le Covid semble en revanche n'avoir eu qu'un faible impact sur les naissances. Contrairement à ce que d'aucuns avaient affirmé, il n'y a pas eu de baby-boom neuf mois après le premier confinement du printemps 2020.
La tendance de fond d'une baisse des naissances amorcée depuis 2010 se poursuit. Ainsi, le nombre de naissance 9 à 12 mois après le premier confinement était en baisse, par rapport à l'année précédente. Il y a eu néanmoins une récupération en sortie de crise, si bien que le nombre de naissances de l’année 2021 a finalement dépassé légèrement celui de 2020 (7 000 naissances de plus). Quant aux deuxième et troisième confinements, moins stricts, ils n'ont affecté que très légèrement les conceptions.
Le Covid a seulement eu comme effet de modifier temporairement (jusqu'à l'hiver 2021-2022) la saisonnalité des naissances, en amplifiant et prolongeant le pic de conceptions de l'automne 2020, alors que les naissances sont traditionnellement plus nombreuses en été (entre juillet et octobre) qu'en hiver et au début du printemps (décembre à avril).
Des maternités toujours plus tardives
L'année 2022 rejoint la tendance baissière de fond, avec moins de naissances que l'an passé : 723 000 versus 742 000 en 2021 et un indicateur conjoncturel de fécondité moindre (1,80 enfant par femme en 2022, contre 1,84 en 2021). Par ailleurs, l'âge moyen des mères à la maternité continue à reculer, à 31 ans en moyenne en 2022 (et 29 ans pour le premier enfant), contre 26,5 ans en 1977.
Bilan : le solde naturel, c'est-à-dire la différence entre les nombres de naissances et de décès, a été divisé par quatre en France entre 2012 et 2022, en raison d'une diminution des naissances et d'une hausse des décès. Encore en 2022, la France a enregistré 500 décès de plus qu'en 2021 (667 000 au total).
Ce solde devrait continuer à baisser et pourrait devenir négatif à partir de 2035 en particulier en raison d'une hausse marquée des décès liée à la mort des générations du baby-boom. Au 1er janvier 2023, la population de la France est estimée à 68,0 millions d’habitants, dont 65,8 en métropole et 2,2 en Outre-mer, en augmentation de 0,32 %.
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