Alain Milon, sénateur LR du Vaucluse et président de la commission des affaires sociales au Sénat, soutient le programme santé de François Fillon. Ce généraliste de profession estime qu'Alain Juppé ne va pas assez loin pour réformer la Sécurité sociale.
LE QUOTIDIEN : Pourquoi soutenez-vous François Fillon pour la primaire à droite ?
Alain Milon : François Fillon a adopté plusieurs principes que nous avions développés avec les Républicains et discuté au Sénat. Je suis par exemple favorable à la reconnaissance de l'excellence des CHU par services et non pas par centre hospitalier. Autre point majeur : il faut impérativement que l'on sauve la Sécurité sociale, et ce redressement financier passe par un système identifiant les « petits risques » et les « grands risques » proposé par le candidat [François Fillon veut réviser le panier de soins en concentrant l'assurance-maladie obligatoire sur les risques principaux – pathologies graves et de longue durée – en négociant ce périmètre avec les partenaires sociaux NDLR].
Mais n'y a-t-il pas une menace de médecine à deux vitesses avec ce découpage entre « petit risque », laissé aux complémentaires, et « gros risque » ?
Non, il n'y aura pas de médecine à deux vitesses, au contraire ! D'abord, quand on parle du nouveau champ des mutuelles, on ne parle pas de supprimer la CMU pour les personnes modestes. François Fillon propose d'intervenir sur l'ensemble des soins mineurs ou courants qui seront remboursés par les complémentaires à 100 %. Les complémentaires seront en effet contrôlés par un organisme national de régulation fixant les soins couverts à 100 %, les frais de gestion, de publicité…
Le reste des maladies et les soins coûteux (pathologies lourdes et affections de longue durée) seront remboursées à 100 % par la Sécurité sociale obligatoire. Aujourd’hui, les cotisations mutualistes de la plupart des individus sont largement supérieures aux remboursements. Si les cotisations aux mutuelles couvrent vraiment certains soins et maladies, le reste étant assumé par la Sécurité sociale, les gens paieront pour des actes véritables et remboursés.
Estimez-vous qu'il y a une ligne de fracture entre les des deux candidats ?
Oui, il y a une fracture nette sur la Sécurité sociale. Je reproche à Monsieur Juppé de vouloir continuer simplement tout ce qui a déjà été fait… Et continuer, c'est aller droit dans le mur. La CADES [caisse d'amortissement de la dette sociale] a près de 160 milliards de dettes. L'ACOSS [agence centrale des organismes de Sécurité sociale] emprunte de l'argent tous les jours. Je le redis : on va droit dans le mur.
La ministre a annoncé un déficit à zéro pour 2017 mais elle ignore le déficit du FSV [fonds de solidarité vieillesse] et réclame à l'industrie pharmaceutique, aux hôpitaux et aux médecins libéraux de faire deux milliards d'euros d'économies supplémentaires. Et ce, tout en sachant que le point d'indice de la fonction publique hospitalière augmente, que la convention entraîne une augmentation du prix de la consultation… De toute évidence, on se retrouvera, selon la Cour des comptes, avec un déficit réel compris entre 6 et 8 milliards d'euros l'année prochaine. Peut-on continuer comme ça ? Monsieur Juppé propose de continuer, je ne suis pas d'accord avec lui.
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