L’ARS PACA met en place depuis le 16 janvier dernier, des médiateurs en santé « pair » dans des services psychiatriques de la région Provence et Côte d’Azur. Cette expérimentation prévue sur deux ans concerne aussi deux autres régions, l’Ile de France et le Pas de Calais. Elle s’inscrit dans un programme national « qui permet aux personnes présentant des pathologies mentales pouvant aller des troubles dépressifs aux troubles psychotiques les plus sévères d’être accompagnées, dans le cadre de leur prise en charge, par des personnes ayant elles-mêmes traversé des épisodes de troubles mentaux ». Cinq binômes de médiateurs intègreront après une formation de huit semaines, les équipes des 5 établissements retenus (les services du professeur Naudin et Lançon à l’APHM, l’Hôpital Valvert à Marseille, le Centre hospitalier de Cannes et Sainte-Marie à Nice).
S’appuyant sur des expériences menées dans les pays anglo saxons notamment et dans d’autres disciplines, comme la cancérologie, le VIH-sida ou l’addictologie, ce pair en santé mentale devrait prendre sa place à terme dans les équipes de soignants. C’est déjà le cas depuis 2005, dans l’équipe mobile psychiatrie-précarité coordonnée par le Dr Vincent Girard, rattaché aujourd’hui au service psychiatrique du Dr Naudin de l’APHM, dans un programme pilote de médiateurs-travailleurs pairs en santé mentale, baptisé MARSS (Mouvement et Action pour le Rétablissement Sanitaire et Social).
Santé communautaire.
Dans cette équipe, dont le travail consiste d’abord à aller à la rencontre des personnes vivant dans la rue depuis de nombreuses années et présentant des troubles psychiatriques sévères, cela fait longtemps que l’on fait appel à des médiateurs pairs pour accompagner les personnes dans leur parcours de rétablissement. « Dans ce fonctionnement de santé communautaire, on s’appuie sur un savoir complémentaire des professionnels classiques, explique le Dr Girard, reponsable de cette EMPP. Il s’agit de réfléchir à une médecine déverticalisée, moins hiérarchisée et basée sur un transfert de compétences dans les deux sens ». Entre 2007 et 2010, cette équipe a recruté 3 médiateurs en santé mentale, en fonction de quelques critères ; avoir traversé l’expérience de la maladie mentale, connu l’expérience de la vie dans la rue et être inscrit dans un processus de rétablissement. Le profil de ces recrues s’est enrichi par la suite de compétences complémentaires. « L’idée de base, dit l’une d’entre eux, c’est de faire un lien avec le vécu. L’usager expérimenté représente un support pour l’usager, cette expérience du vécu permet de dire les choses autrement, de faire accepter les soins ou autre. » Pourtant cette intégration dans les équipes de soins s’est heurté à quelques résistances de la part des professionnels de santé. « Nous ne nous situons pourtant pas en opposition mais en complément. » Il faut encore faire la preuve qu’il s’agit d’un rôle spécifique, notamment celui d’incarner un modèle de rétablissement dans lequel les usagers peuvent se reconnaître. Les pairs aidants ne viennent pas remplacer un autre soignant, mais proposent un nouveau type d’intervention auprès des usagers, notamment dans des situations de grandes difficultés (refus de soins ou rupture). Encore faut-il faire évoluer l’image de la santé mentale aujourd’hui.
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