Près de 250 médecins ont écrit une lettre ouverte à l’ordre des médecins et au président François Hollande dans laquelle ils réclament la suspension « immédiate » de la radiation visant un urgentiste de Bayonne, le Dr Nicolas Bonnemaison, poursuivi pour 7 cas d’euthanasie sur des patients âgés en fin de vie. « Nous sommes profondément choqués par cette sentence et avons souhaité manifester notre indignation », a indiqué le Dr François Bannier, médecin anesthésiste hospitalier à Bayonne, un des premiers signataires de la lettre ouverte avec le Dr Marie-Pierre Kuhn. Selon lui, la décision de la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins d’Aquitaine de radier du tableau le Dr Bonnemaison, la plus sévère des cinq sanctions possibles, a « paru rapide et brutale alors même que l’affaire est encore en cours d’instruction et couverte par le secret de l’instruction ».
« L’urgence est de le soutenir »
Le Dr Kuhn, de son côté, explique : « C’est un praticien qu’on connaît, il a travaillé vingt-deux ans à l’hôpital, toute cette affaire est traitée de la manière la plus hâtive, l’urgence est de le soutenir. » Et de préciser : « Nous ne sommes pas des militants de l’euthanasie. »
La lettre a été cosignée par quinze professeurs, deux anciens directeurs d’hôpitaux, un sociologue et plus de 200 médecins de métropole et des DOM-TOM.
Le Dr Bannier dit espérer « que ce jugement soit revu pour une peine plus clémente, voire la suppression de la radiation » à l’occasion de l’appel formulé par les avocats du Dr Bonnemaison qui sera étudié par la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins, à Paris.
Cette lettre ouverte s’adresse non seulement au président du Conseil de l’Ordre des médecins, Michel Legmann, mais également à François Hollande, au ministre de la Santé et à celui des Personnes âgées, Marisol Touraine et Michèle Delaunay. Les cosignataires pointent que « le seul document officiel public depuis le 17 novembre 2011 est le rapport de l’IGAS (Inspection générale des Affaires sociales) » et soulignent que dans le délibéré de la décision rendue « à aucun moment il n’y est fait référence ».
« Nous avons trouvé que la justice ordinale avait peu d’éléments pour ordonner un jugement aussi péremptoire », justifie le Dr Bannier, alors que le Dr Bonnemaison et son avocat avaient demandé « un sursis à statuer » en attendant que la justice pénale tranche.
Pour la chambre disciplinaire qui n’a pas souhaité réagir « les manquements déontologiques relevés » étaient « de nature à justifier une peine » et compte tenu de leur « gravité » et de leur « caractère répété », ces manquements justifient la radiation. Le Conseil national de l’Ordre des médecins n’a, dit-il, pas à ce jour reçu la lettre de protestation.
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