LE CHEF de l’État a-t-il cru sincèrement que l’expulsion d’une famille kosovare et l’émotion excessive qu’elle a soulevée méritait son intervention personnelle ? Il aurait mieux fait de laisser le Premier ministre résoudre le problème. Sa propre irruption, un dimanche, dans la polémique, ne pouvait que dramatiser l’affaire. L’étrange solution qu’il a proposée, le retour de la seule Leonarda, c’est-à-dire sans sa famille, n’était ni légale ni marquée au coin de l’humanisme. Qu’elle ait été rejetée, non sans arrogance, par la jeune fille et par son père, ne pouvait qu’humilier le président. Mais il n’a pas imaginé cette solution comme le magicien sort un lapin de son chapeau. Des conseillers lui en ont fait la suggestion. On peut toujours dire qu’il avait tout le loisir d’en percevoir les graves inconvénients, mais l’autre idée qui vient à l’esprit, c’est que François Hollande n’est peut-être pas entouré par des personnes suffisamment compétentes et capables de prévoir la faisabilité d’une décision et ses conséquence sur le parti et sur l’opinion.
Parti de gouvernement ?
À cette incompétence probable de quelques conseillers présidentiels, s’ajoute l’absence de loyauté de militants du PS et de beaucoup de ses élus. On veut bien croire que leur hostilité à la politique économique et sociale telle qu’elle est définie et appliquée par M. Hollande heurte leur conscience. Mais des Verts à l’aile gauche du PS, ils ne semblent pas comprendre qu’on ne peut pas à la fois être un parti de gouvernement et dans l’opposition au gouvernement. Il est facile de dire, comme la droite, que les députés ou les sénateurs socialistes et quelques membres du gouvernement sont souvent des novices qui n’ont jamais exercé le pouvoir, que c’est la première entrée de certains élus au Parlement et qu’ils sont en train de se former au détriment de l’intérêt général. Mais ce n’est pas vrai de tous les socialistes : Jean-Marc Ayrault est un vieux routier de l’Assemblée, Laurent Fabius, a été, entre autres, Premier ministre, Christiane Taubira, Pierre Moscovici ont déjà exercé de lourdes responsabilités et d’autres ont eu largement le temps de se former pendant la traversée du désert.
M. HOLLANDE SOUFFRE DU PECHE ORIGINEL COMMIS LORS DE LA PRÉSIDENTIELLE
Ce qui provoque la cassure entre M. Hollande et le parti, c’est, bien entendu, l’intensité de la crise, l’absence de résultats sur le plan social, l’annonce quotidienne de fermetures d’usines, l’accablement fiscal qui n’épargne guère l’électorat de gauche. Pendant que M. Hollande lutte par tous les moyens pour garder les entreprises dans son camp, quelques fortes personnalités socialistes, de Marie-Noëlle Lienemann à Benoît Hamon, souhaitent rompre les ponts avec l’industrie et les riches, confisquer une plus grande partie de leurs avoirs et financer ainsi des programmes sociaux généreux. Ils ont l’approbation d’une forte fraction de l’opinion. Dans la chute de popularité de François Hollande, les facteurs importants sont son manque de fermeté, ses actes politiques parfois indéchiffrables, l’anxiété populaire, mais aussi l’idée, soigneusement entretenue par l’aile gauche du PS, qu’une autre politique est possible. Les trois-quarts d’opinions hostiles que compte le président viennent pour une part de l’électorat de droite ou de l’extrême droite, mais aussi de socialistes, de communistes, d’écologistes, de mélenchonistes.
M. Hollande souffre d’un péché originel. Il s’est fait élire sur une ambiguïté qu’il paie aujourd’hui au prix fort. Il a obtenu en 2012 un consensus qui allait des sociaux-démocrates à l’extrême gauche. Il ne pouvait satisfaire tout le monde, mais a prétendu qu’il en était capable. Il s’aperçoit qu’il est perçu comme un gauchiste par la droite et comme un centriste par la gauche. Il ne peut s’extraire de cet embrouillamini qu’en dictant sa volonté à ceux qui n’exerceraient pas le pouvoir s’il n’avait pas été élu et lui doivent, à ce titre, un minimum de loyauté. Une échappée soudaine vers une radicalisation de sa politique ferait de la France un paria en Europe.
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