Optimiser la logistique, territorialiser le pilotage, clarifier la communication et anticiper « les bras » qui vaccineront : dans son rapport d’étape, présenté ce 23 février en séance plénière, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a complété ses premières recommandations sur la stratégie vaccinale, avec en toile de fond une exigence de transparence.
Chargé par le gouvernement de faire remonter les préoccupations, observations et interrogations de la société civile sur la vaccination, le CESE a installé depuis mi-janvier un dispositif reposant sur trois piliers : une Commission temporaire avec des membres de l’institution, un collectif de 35 citoyens tirés au sort et une plateforme en ligne de consultation.
Deux recommandations ont déjà été adressées au gouvernement : l’une en faveur de la création d’une plateforme unique d’informations pour le public, l’autre sur le recours aux licences d’office pour permettre à l’ensemble des entreprises pharmaceutiques de produire des vaccins et de répondre à la demande mondiale.
Définir des objectifs compatibles avec l'approvisionnement
Cinq nouvelles pistes d’amélioration ont donc été présentées en partie en présence du ministre de la Santé, Olivier Véran. Face à la promesse d’Emmanuel Macron de vacciner « tous les adultes qui le souhaitent » d’ici à la fin de l’été, le CESE demande des objectifs prenant en compte « les contraintes de la chaîne logistique ».
« La définition de priorités sanitaires ne peut seule construire une stratégie vaccinale », a estimé Pierre Lafont, co-rapporteur de la Commission temporaire du CESE (groupe des professions libérales). Selon lui, les objectifs nationaux doivent prendre en compte l’approvisionnement, les caractéristiques de chaque vaccin, mais aussi le taux d’immunité à atteindre. Sans ces éléments, la stratégie suscitera « incompréhension » et « frustration », juge-t-il.
Le CESE souhaite ainsi la mise en place d’indicateurs de suivi avec des dimensions sanitaires et logistiques pour chacune des phases de la vaccination : « taux de vaccination par catégorie de population cible, délai d’écoulement, taux de perte, gestion des déchets », détaille le CESE. L’institution encourage également le développement de différents « scenarii d’approvisionnement et de distribution en fonction de l’évolution des connaissances sur le type de protection des différents vaccins (contagiosité, durée de protection, etc.) ».
En parallèle, un « pilotage territorialisé », « à un niveau infrarégional » et « incluant toutes les parties prenantes » doit permettre d’appuyer le déploiement de la vaccination « sur une vision de terrain » et des « solutions locales éprouvées », explique Catherine Pajares Y Sanchez, également co-rapporteur (groupe CFDT).
Le déploiement de la vaccination passera aussi par la mobilisation des professionnels de santé. L’enjeu, selon le CESE, est d’anticiper les démarches réglementaires nécessaires à la multiplication des professionnels autorisés à vacciner, de programmer l’approvisionnement des cabinets et officines et de communiquer sur les différentes modalités de vaccination (lieux et professionnels autorisés).
Des équipes mobiles pour les plus précaires
Pour les publics les plus précaires ou les plus touchés par des problématiques d’accès aux soins, c’est la démarche de l’« aller vers » qui est prônée, via des équipes mobiles, en lien avec les associations au contact de ces publics.
Côté communication, les messages diffusés devraient mettre l’accent sur les bénéfices de la vaccination, par le biais d’encarts et de spots dans les médias, d’affichages dans les lieux accueillant du public, mais aussi via les professionnels de santé qui gardent la confiance de la population.
Ces recommandations de la Commission temporaire n’ont pas encore intégré les travaux du collectif de 35 citoyens tirés au sort. « Nous entendons l’impatience », a souligné Philippe, l’un de ses membres, demandant du temps pour « étudier, comprendre » et « faire naître des propositions réalistes et réalisables ».
La séance plénière du CESE a enfin permis de revenir sur la recommandation de recours aux licences d’office. Cette disposition, prévue par la loi de 1968 sur les brevets d'invention, permet l’octroi d’une licence d’exploitation si l’intérêt de la santé publique l’exige. L’activation d’un tel dispositif ne serait pas « utile », a tranché Olivier Véran, alors que les fabricants des vaccins autorisés ont déjà sollicité de l’aide pour l’augmentation de leurs capacités de production.
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