LE MINISTRE du Redressement productif, Arnaud Montebourg, lutte contre le chômage avec les seuls moyens que sont ses convictions, son volontarisme et les pressions, efficaces ou non, qu’il peut exercer sur les entreprises forcées de licencier. Mais, sauf à établir en France une économie dirigée, ce que, manifestement, François Hollande ne souhaite pas, on ne peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif, c’est-à-dire qu’on ne peut pas forcer une firme à garder des salariés qu’elle ne peut plus payer, ou lui demander d’embaucher quand elle perd de l’argent.
LE VOLONTARISME D’ÉTAT NE PEUT RIEN ; LE RETOUR DE LA CROISSANCE FERA TOUT
M. Hollande, en revanche, agit sur le plan macroéconomique, c’est-à-dire qu’il aborde le problème au niveau de la responsabilité de l’État : la détresse des travailleurs est si grande que nos dirigeants sont sommés d’agir dans le sens d’une réduction, fût-elle minime, du taux de chômage. Les emplois jeunes ou d’avenir et les contrats de génération, dont l’ambition a été réduite après l’arrivée de la gauche aux affaires, traduit un souci humaniste et s’inspire d’une initiative lancée il y a près de quinze ans par le gouvernement de Lionel Jospin. On passe de contrats de cinq ans à des contrats de trois ans et on crée 150 000 emplois au lieu de 300 000. M. Jospin a réellement créé des emplois grâce à l’aide de l’État et un certain nombre de ces postes de travail ont permis à des jeunes d’entrer définitivement dans la vie active. Les emplois aidés coûtent très cher en période de disette. Souvent, ils augmentent les dépenses de l’État parce que les bénéficiaires se transforment en fonctionnaires ou en employés des collectivités territoriales.
Un bénéfice moral.
La création de deux ou trois cent mille postes de salariés quand le nombre des chômeurs est dix fois plus élevé n’est pas la panacée. Macroéconomiquement, cela ne fait aucun sens : on augmente le déficit budgétaire en échange d’une diminution dérisoire et précaire du taux de chômage. Le vrai bénéfice est moral : le gouvernement répond à la demande du peuple et les nouvelles recrues voient enfin le bout du tunnel. Dans ses propos de dimanche dernier, le chef de l’État semble avoir lié les contrats d’avenir et de génération à la fameuse inversion de la courbe. Simultanément, il a envisagé un taux de progression du Produit intérieur brut (PIB) de seulement 0,8 %. Tout le monde sait qu’un tel taux se traduit par de nouvelles destructions d’emplois : autrement dire, les contrats vont emplir une baignoire qui fuit. Ils vont compenser en partie les disparitions de postes de travail causés par la crise. Ils ne vont pas inverser la courbe et, si nous nous trompons sur ce point, nous le reconnaîtrons en temps voulu. En revanche, si, par miracle, la croissance redémarre, si elle est supérieure à 1,5 %, l’économie créera des emplois non aidés et plus durables.
Qu’est-ce que cela signifie ? Que le retour à l’emploi passe par la réindustrialisation du pays, la formation des jeunes à des emplois qualifiés qui existent mais pour lesquels nous n’avons pas de gens compétents, l’investissement dans des usines performantes et innovantes. Cela prendra beaucoup de temps et M. Montebourg devrait pratiquement s’y consacrer à plein temps. L’inversion de la courbe du chômage n’aura pas lieu dans un an, mais seulement quand la stabilisation de l’euro encouragera les hommes d’affaires à investir dans les entreprises, seul moyen de créer des emplois. On comprend que M. Hollande, pour toutes sortes de raisons, l’humanisme, ses promesses électorales, la chute de sa cote de popularité, veuille faire la démonstration de son volontarisme et de son interventionnisme et on ne néglige pas le soulagement qu’il apportera à des dizaines ou des centaines de milliers de chômeurs. En même temps, il sait, et nous savons, que rien ne vaut le retour naturel du dynamisme économique, que l’on stimule en créant un environnement favorable.
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