L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a organisé en son siège de Maisons-Alfort (94) une journée de rencontres scientifiques consacrée aux marqueurs d’exposition. À cette occasion, ont été présentés les résultats de l’évaluation des expositions aux facteurs de risque environnementaux et professionnels des cancers du sein dans le cadre de l’étude CECILE. Incluant des patientes atteintes de cancer du sein, âgées de 25 à 75 ans, diagnostiquées de 2005 à 2007 et résidant en Côte-d’Or ou en Ille-et-Vilaine, cette étude met en avant « une association inverse entre le cancer du sein et les PCB, notamment chez les femmes nées entre 1951 et 1960 dont les expositions au cours de la puberté ont été les plus élevées ». Cette association « suggère l’impact possible des perturbateurs endocriniens sur le développement mammaire et la cancérogenèse », indiquent Pascal Guenel et Delphine Bachelot (Unité INSERM CESP UMR-S 1018 à Villejuif). S’agissant des expositions aux solvants pétroliers et chlorés, les chercheurs observent « une absence d’association avec le cancer du sein » possiblement liée aux faibles niveaux d’exposition observés.Une analyse de la cohorte par profession permet d’évoquer « l’hypothèse d’un risque accru du cancer du sein chez les infirmières, les ouvrières du textile et les ouvrières du caoutchouc et des matières plastiques ». S’agissant spécifiquement du travail de nuit, l’étude confirme l’existence d’une relation avec le risque de cancer du sein et plus particulièrement « chez les femmes ayant débuté le travail de nuit avant la première grossesse à terme ».
Pesticides et Alzheimer ?
L’étude de suivi de la cohorte PHYTONER avait déjà permis de mettre en évidence des altérations des performances aux tests neurocomportementaux chez les sujets professionnellement exposés aux pesticides par rapport aux sujets non exposés. Les résultats présentés au cours des Journées scientifiques concernent le suivi à quatre ans de 630 sujets de la cohorte de salariés viticoles de Gironde a confirmé les résultats à l’inclusion. Les atteintes concernaient les fonctions les plus fines de la cognition qui permettent l’intégration de l’information (attention, conceptualisation, attention contrôlée). Durant une douzaine d’années, ces agriculteurs ont été suivis et testés à 3 reprises sur leurs capacités cognitives. « Dans les tests de rapidité et pour certains scores, les résultats obtenus sont naturellement détériorés avec l’âge mais de façon encore plus importante chez les personnes exposées » aux pesticides indique Isabelle Baldi (Université Victor-Segalen Bordeaux 2). Une troisième série de test en cours de réalisation permettra de suivre l’évolution de la dégradation cognitive chez les personnes exposées et les éventuelles apparitions de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et de Parkinson.
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