LA PREMIÈRE QUESTION est celle-ci : que vaut la soudaine hostilité d’un ancien ministre qui, meurtri de ne pas avoir été nommé à Matignon après avoir servi sans sourciller Nicolas Sarkozy, revêt les habits de l’opposant ? Bien que le désaccord entre M. Borloo et Nicolas Sarkozy porte sur une question de fond (l’humanisation ou non de la politique économique et sociale du gouvernement), on devine que la rancune, donc la passion plutôt que la raison, explique son revirement. Une passion si forte qu’elle en devient le nerf d’une démarche politique extraordinaire qui consisterait à rassembler tous ceux qui critiquent le couple Sarkozy-Fillon sans pour autant appartenir à la gauche.
Rivalités entre centristes.
Mais comment ne pas voir que l’ambition, plutôt qu’un projet nouveau, est le moteur de cette démarche ? Que, par exemple, l’éventuelle addition des villepinistes aux dissidents centristes mêlerait l’eau et le feu ? Comment ne pas voir que les sensibilités centristes sont assez différentes pour que l’on trouve une sensibilité par centriste ? Comment ne pas voir que, déjà, des rivalités profondes existent, par exemple entre M. Borloo et Hervé Morin qui, avant même de quitter le gouvernement, a pris la posture d’un candidat à la présidence de la République, que François Bayrou refuse de tomber « dans ce panier de crabes », que Dominique de Villepin poursuit un objectif purement personnel et que Jean-Pierre Raffarin est pratiquement le seul des centristes de droite à avoir des affinités avec M. Borloo ? Et pourquoi d’anciens Premiers ministres se rangeraient-ils sous les ordres d’un ancien ministre, fût-il d’État ?
L’IDÉE MÊME DE FÉDÉRER LES CENTRISTES LES DIVISE
Toutes les conditions sont réunies, en vérité, pour que la compétition des ambitions annule la perspective d’un rassemblement, lequel, au demeurant, ne constituerait pas un électorat suffisamment vaste. Ils iront tous ou presque aux élections avec un agenda personnel et ils assureront peut-être la défaite de la droite en se répartissant les suffrages au premier tour sous la forme de pourcentages ridicules qui, additionnés, peuvent empêcher M. Sarkozy d’être présent au second. En fait, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, sinon que M. Sarkozy s’est fait de nouveaux ennemis en nommant François Fillon. Il le savait. C’est pourquoi il a tenté de retenir M. Borloo par la veste et a nommé deux centristes au gouvernement. Il compte sur les dix-huit mois qu’il lui reste pour séduire l’électorat par d’autres moyens, par exemple un retour de la croissance qui calmerait beaucoup de mauvais caractères. Si, contrairement à ce qu’écrivent les journaux, le président de la République n’avait en tête que la mise en place un gouvernement de campagne électorale, il n’aurait pas désigné le serviteur le plus zélé de ces réformes que les Français abhorrent. Il croit seulement que son « courage » politique se révélera payant à la dernière minute. Pour le moment, les pourcentages obtenus dans les sondages par Marine Le Pen, François Bayrou, Dominique de Villepin se présentent comme un carcan qui étouffe l’UMP, le parti qui a choisi la solitude autant que la manière forte.
La confusion.
On n’aura pas la naïveté de croire que, par sa prestation télévisée de mardi soir, Nicolas Sarkozy aura fait basculer dans son camp un certain nombre de Français indignés, à tort ou à raison, par sa politique. On se contentera de penser que, s’il est vrai qu’une menace supplémentaire pèse sur le chances de M. Sarkozy, le tableau général des forces en présence traduit une confusion totale, dès lors que la droite se divise encore et que la gauche n’a réussi, jusqu’à présent, qu’à masquer ses propres divisions et, surtout, ses rivalités entre personnes et ses batailles d’ego ; lesquelles ne sont pas moins intenses qu’à droite, où un remaniement gouvernemental prévu depuis six mois déclenche la colère des « virés », les quolibets des spectateurs, le charivari politicien, le tohu-bohu médiatique. S’il a le sens de l’humour, ce qui n’est pas sûr, le président doit se délecter du remue-ménage qu’il a provoqué. Preuve que, là où il est, il a entre les mains, et jusqu’à la dernière minute, les atouts qui pourraient lui rapporter la mise.
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