POUR LES Occidentaux, la Russie et la Chine qui, tous, avaient participé aux sanctions, l’accord traduit surtout l’efficacité des sanctions économiques et commerciales. Si elles ne l’avaient pas été, l’Iran n’aurait pas consenti à renoncer à enrichir l’uranium au-delà de 5 % (seuil qui le rapproche de l"usage militaire) et à neutraliser son stock d’uranium enrichi à 20 %. Il n’aurait pas accepté d’arrêter la mise en service de nouvelles centrifugeuses et la mise en route de la filière de l’eau lourde. En échange de ces concessions considérables, mais encore insuffisantes, les 5 + 1 vont progressivement lever les sanctions. Une période d’essai de six mois est prévue qui permettra d’inverser le cours des choses si l’Iran ne tient pas parole.
Crise entre les États-unis et Israël.
L’accord a provoqué une crise sérieuse entre Washington et Jérusalem. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui n’a jamais réussi à convaincre le président Barack Obama d’attaquer les sites nucléaires iraniens, se serait contenté du maintien des sanctions, lesquelles se sont révélées accablantes pour l’économie iranienne, sans pour autant freiner le développement du nucléaire. Sur le plan diplomatique, l’alignement de la Chine et de la Russie sur les thèses occidentales permettait d’exercer sur l’Iran une pression exceptionnelle, celle qui n’a pas pu être obtenue pour abattre le régime syrien. Et on a appris, juste après la signature de l’accord que la diplomatie américaine avait pris des contacts avec Téhéran avant même l’élection de Hassan Rohani à la présidence de l’Iran, qui a été, semble-t-il, le catalyseur de l’accord.
À juste titre, les Israéliens insistent sur les ambiguités, les équivoques et la duplicité des Iraniens. Pour eux, il est impossible de faire confiance à des négociateurs dont le « Guide suprême », Ali Khamenei, a répété quelques jours avant la signature de l’accord à Genève que son pays ne renoncerait jamais au nucléaire et qu’Israël était voué à disparaître. Cependant, il est évident que, au sein de cette théocratie, il y a nécessairement deux langages, un pour les étrangers et un autre pour les Iraniens. Israël, d’ailleurs, ne répond même plus à ce genre de menaces, mais tente de faire son possible pour affaiblir l’Iran, avec la complicité secrète des pays à majorité sunnite, par exemple l’Arabie Saoudite qui, si Téhéran avait la bombe, s’empresserait de l’acquérir à son tour. Or ce qui compte le plus aujourd’hui au Proche-Orient, ce n’est plus vraiment le lancinant problème israélo-palestinien, c’est la guerre impitoyable que chiites et sunnites se livrent en Irak, en Syrie et au Liban, les terroristes d’Al Qaïda luttant du côté des sunnites.
TOUT L’ACCORD REPOSE SUR LA DUPLICITÉ DU LANGAGE DIPLOMATIQUE
Cependant, aux arrière-pensées iraniennes répondent celles des négociateurs occidentaux. Même si’ls ne croyaient pas à la sincérité de l’Iran, même s’ils pensent que le régime des mollahs tentera, dans les mois et les années qui viennent de trahir ses propres engagements, ils espèrent, par leur vigilance, par les contrôles internationaux, et éventuellement par un retour aux sanctions, amener progressivement l’Iran vers une renonciation d à l’arme nucléaire. Quand l’Iran sera prospère et heureux, son peuple ne voudra pas s’engager dans un nouveau conflit.
C’est de cette manière que Henry Kissinger, en 1977, a obtenu l’accord de paix israélo-égyptien, qui est toujours en vigueur. Il disait aux uns et aux autres ce qu’ils voulaient entendre, de façon à ce qu’ils signent, puis qu’ils s’habituent si bien à la paix qu’ils ont renoncé à se battre. M. Netanyahu, de son côté, défend une thèse qui unit la majorité des Israéliens mais qui consacre l’isolement d’Israël, ce qu’il aurait dû éviter par tous les moyens. Il y a une limite à une diplomatie qui consiste à exercer des pressions sur l’exécutif américain en se servant du Congrès. C’est une forme d’ingérence que le gouvernement israélien devrait abandonner. En même temps, il ne fait aucun doute qu’il doit défendre la sécurité d’Israël avec une détermination absolue. En effet, l’effet négatif de l’accord, c’est qu’il va être interprété par les Iraniens comme le résultat d’un affaiblissement de l’influence de Jérusalem sur les États-Unis et qu’il risque de les rendre plus agressifs qu’ils ne le sont déjà. Barack Obama, mais François Hollande aussi, qui rentre à peine d’un voyage en Israël, ne doivent pas oublier qu’un succès diplomatique ne saurait être obtenu au détriment d’une petite nation évoluant en milieu hostile.
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