Le vaccin contre la grippe saisonnière 2017-2018 aurait une efficacité de 36 %, selon les résultats préliminaires publiés par les centres américains de contrôle des maladies (CDC). Cette faible efficacité est due à la mauvaise immunogénicité du vaccin contre la souche circulante majoritaire : l'influenza A H3N2.
Les auteurs se sont basés sur les données de 4 562 patients de plus de 6 mois (les recommandations américaines préconisent la vaccination à partir de 6 mois) admis dans 5 services d'urgences pour syndromes respiratoires aiguës entre le 2 novembre 2017 et le 3 février 2018. Ils ont questionné les patients et leurs proches quant à leur statut vaccinal, leur état de santé et leurs symptômes. Des prélèvements nasaux et oropharyngés ont également été réalisés. Les patients étaient considérés comme vaccinés en cas d'injection au moins 14 jours avant l'apparition des symptômes.
La moitié des patients de l'étude étaient vaccinés
Sur les 4 562 patients de l'étude, 38 % étaient bien porteurs d'un virus influenza, dont une large majorité (81 %) avaient été infectés par un virus A. Environ la moitié des patients enrôlés dans l'étude étaient vaccinés. C'était également le cas de 43 % des patients infectés par le virus influenza et 53 % de ceux qui n'étaient pas infectés. L'efficacité du vaccin de cette année, estimée à partir de ces données, est de 25 % contre les infections par le virus A H3N2, de 67 % contre les infections par A H1N1 et de 42 % contre les infections par l'influenza B.
Les efficacités vaccinales les plus importantes sont observées chez les enfants de 6 mois à 8 ans (59 %) et les adultes de 18 et 49 ans (33 %). Il n'y avait pas d'efficacité vaccinale significative à partir de 50 ans.
Ces premières données américaines montrent une efficacité vaccinale bien moindre que celle observée en France. Les chiffres préliminaires de l'étude FLUVAC (dont la méthodologie est la même que celle employée par les CDC), sont de 60 % chez les personnes de 65 ans et plus contre tous les virus grippaux. « Les virus circulant en France sont majoritairement de type H1N1, et de type H3N2 aux États-Unis, explique le Pr Bruno Lina, du centre de biologie et pathologie Est (CHU de Lyon), ils rattrapent l'épidémie que nous avons connue l'année dernière en Europe. » Sur la saison 2016-2017, le vaccin contre la grippe avait eu une efficacité estimée à 38 % en Europe.
Un vaccin pas assez immunogène
Ces données sont le reflet des difficultés rencontrées par les vaccins saisonniers successifs depuis la saison 2011-2012, pour protéger contre l'influenza A H3N2 : en 2016, l'efficacité vaccinale était de 32 % aux États-Unis. Selon les CDC, il n'existe pas d'éléments permettant de penser qu'il y a eu une dérive antigénique des virus circulant cette saison, par rapport aux virus sélectionnés dans le cadre de l'élaboration du vaccin. Les auteurs rappellent que l'on a, en revanche, observé des modifications de l'hémagglutinine des virus cultivés qui pourraient être à l'origine de la moindre efficacité du vaccin 2016-2017 contre la grippe saisonnière contre l'influenza H3N2, et donc du vaccin 2017-2018.
Pour le Pr Lina, ces modifications de l'hémagglutinine n'expliquent pas les difficultés rencontrées pour mettre au point un vaccin efficace contre les virus H3N2. « La modification en question est une perte du site de glycosylation que l'on retrouve aussi dans les souches H3N2 circulantes, mais il n'y a pas de pression sélective faite par le vaccin sur la base de cette glycosylation. »
Selon lui, le principal problème réside dans la faible immunogénicité des vaccins dirigés contre H3N2 : « Si on augmente les doses de protéines injectées, on retrouve une efficacité vaccinale de l'ordre de 60 %. Il faut que l'on fasse évoluer les vaccins contre la grippe pour résoudre ce problème. On ne peut en tout cas pas proposer d'ajouter des adjuvants, cela ne passerait pas bien auprès de la population générale. »
Près de 6 000 morts aux États-Unis
Au 27 janvier 2018, le bilan des décès publié par les CDC était de 5 824 morts, dont 84 enfants, soit 9,8 % des décès survenus sur cette période.
Les CDC réaffirment leur recommandation vaccinale : « La vaccination permet tout de même plusieurs infections et le virus va continuer à circuler pendant plusieurs semaines, assure les auteurs du CDC. Même avec le vaccin actuel, la vaccination va tout de même prévenir des grippes sévères, y compris des milliers d'hospitalisations et de décès. »
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