Depuis que la Cour suprême américaine a annulé le droit fédéral à l'avortement, les demandes d'Américaines pour se faire envoyer des pilules abortives depuis l'étranger ont fortement augmenté aux États-Unis, selon une étude publiée dans le « Jama ».
Les chercheurs ont analysé le nombre de demandes réalisées auprès du service de télémédecine payant Aid Access, qui prescrit et envoie des pilules abortives depuis l'étranger dans 30 États américains. Aid Access opère en dehors du système de santé américain, et a été précisément pensé pour contourner les interdictions ou les difficultés d'accès localement, en permettant aux femmes d'avorter seules chez elles.
213 demandes par jour
Depuis fin juin, de nombreux États ont rendu l'avortement illégal ou en ont fortement restreint l'accès, dans la foulée de la décision de la Cour suprême. Avant cette date, Aid Access recevait en moyenne 83 demandes quotidiennes de ces 30 États. Mais durant les deux mois suivant l'annonce de la décision, ce nombre a bondi à 213 par jour, selon l'étude - soit une augmentation d'environ 160 %.
Proportionnellement à la population de femmes dans chaque État, l'augmentation des demandes a été la plus élevée en Louisiane, dans le Mississippi, l'Arkansas, l'Alabama et l'Oklahoma. Ces cinq États font partie de ceux ayant complètement interdit les avortements.
Les « restrictions légales actuelles » étaient souvent citées par les femmes ayant recours à ce service, dans un questionnaire qu'elles devaient remplir lors de leur demande. Dans les États ayant rendu les avortements illégaux, cette réponse était citée dans environ 62 % des cas après la décision de la Cour suprême contre 31 % avant.
Cette étude ne prend par ailleurs pas en compte les autres façons d'accéder à ces pilules, faciles à trouver pour quelques centaines de dollars sur des sites internet commerciaux, mais sans accompagnement médical.
Plus de 4 heures de trajet pour accéder à une clinique pratiquant l'IVG
Une autre étude, également publiée dans le « Jama », a étudié le temps de trajet pour les Américaines jusqu'à une clinique pratiquant des avortements. Cette durée était en moyenne de 28 minutes avant la décision de la Cour suprême, et s'est considérablement rallongée, à 1 heure et 40 minutes, après. Mais cette moyenne nationale recouvre de fortes disparités locales.
Dans les États ayant mis en place une interdiction totale d'avorter ou une limite à six semaines de grossesse, l'augmentation moyenne du temps de trajet était de 4 heures, selon cette étude. Le manque d'accès à une clinique d'avortement est notamment un problème pour les personnes n'ayant pas les moyens de voyager, ont souligné les auteurs.
Dans les 100 jours ayant suivi l'arrêt de la Cour suprême, au moins 66 cliniques ont cessé de pratiquer des avortements, d'après un rapport de l'institut Guttmacher paru début octobre.
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