IL EST IMPROBABLE, en effet, que la chancelière songe à s’allier avec les Verts (9 %) et encore moins avec la gauche radicale (Die Linke, 10 %). Les sociaux-démocrates qui, grâce à Gerhard Schröder, ont réformé l’économie allemande avec les résultats très positifs que l’on sait, insisteront sans doute, sous la houlette de Peer Steinbrück, leur leader, pour que des assouplissements soient apportés à la politique économique de Mme Merkel, laquelle, en somme, s’est contentée de bénéficier des réformes engagées il y a plus de dix ans par le SPD. La chancelière bénéficie d’une grande popularité dans son pays et elle l’aurait emporté haut la main si le scrutin désignait directement le chef du gouvernement : les sondages lui accordent plus de 50 % des voix. Les alternatives à la grande coalition ne la séduisent guère : il n’est pas question qu’elle gouverne avec la gauche radicale, trop éloignée idéologiquement des conservateurs et, après avoir lancé une politique écologique hardie, fondée sur la suppression du nucléaire, elle a engagé l’Allemagne dans le recours massif au charbon, qui n’est pas exactement l’énergie la moins polluante.
Un paradoxe.
Paradoxalement, Mme Merkel est la légataire enthousiaste d’une politique économique lancée par le SPD et qui a donné de prodigieux résultats en termes d’exportations, de compétitivité, d’emploi, alors que les sociaux-démocrates renoncent à leur propre ligne réformiste et réclament aujourd’hui pour la classe moyenne allemande les bénéfices des efforts considérables qu’elle a consentis. Longtemps avant l’échéance électorale du 22 septembre, la chancelière a été d’une prudence extrême. Consciente de l’impopularité des mesures de soutien aux pays méditerranéens, elle a pratiquement soumis l’Europe à son dessein personnel, en préconisant pour tous les États surendettés, de la Grèce à la France en passant par l’Italie et l’Espagne, une politique de réformes, mais aussi d’austérité qui a abaissé le niveau de vie en Europe sans vraiment réduire les dettes publiques. Les partenaires commerciaux de l’Allemagne, France comprise, lui réclament une politique plus accommodante qui relancerait les importations allemandes et donc la production chez eux. Elle leur a adressé une fin de non-recevoir.
LE RENFORCEMENT DES LIENS FRANCO-ALLEMANDS EST POSSIBLE ET PROBABLE
François Hollande, estimant légitime la nécessité d’un désendettement plus lent et d’une relance des économies de la zone euro, a sans doute commis l’erreur de le faire savoir très vite au lendemain de son élection à la présidence de la République. Ses motivations étaient argumentées, mais l’engagement de Mme Merkel en faveur de Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale de 2012 l’a mis en colère, et il a voulu lui rendre la monnaie de sa pièce en se prononçant à son tour en faveur du SPD. Objectivement, il y a donc un malaise franco-allemand alors que l’amitié entre les deux pays est le socle de la construction européenne, laquelle, ces derniers mois, a fort peu progressé, notamment, il est vrai, parce que la crise financière a été stabilisée (si on laisse côté le cas de la Grèce, qui reste alarmant).
Si elle obtient dimanche un troisième mandat, Mme Merkel devra néanmoins songer à réorienter sa politique et sociale, surtout si le SPD entre dans la grande coalition. Et il ne le fera que si la chancelière lui accorde au préalable quelques mesures propres à améliorer le niveau de vie des pauvres et de la classe moyenne. Car le temps de l’austérité est passé et il serait logique que l’incroyable succès commercial de l’Allemagne bénéficie à ceux qui l’ont assuré. Dans ce cas, les conditions seraient réunies pour un rapprochement entre Mme Merkel et M. Hollande. Toutefois, le chef de l’État ne saurait compter que sur l’Allemagne pour remettre en ordre les affaires de la France. La dette publique française continue de croître et, pour figurer comme l’égal de la chancelière, le président doit faire sa partie du chemin, c’est-à-dire renforcer la stature de son pays par des réformes. Comme on l’a vu à propos des retraites, il a tendance à les différer.
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