AVEC UNE PRÉVALENCE de 2 pour 100 000, la méningite reste sous-diagnostiquée. L’infection, souvent sans gravité lorsqu’elle est d’origine virale, peut virer au drame lorsqu’elle est d’origine bactérienne, avec une infection invasive à méningocoques. « Cette dernière touche en France 2 à 3 personnes par jour, dont 10 % décèdent parfois très rapidement après l’apparition des premiers symptômes. Et 20 % des survivants gardent des séquelles invalidantes à vie », constate le Pr Joël Gaudelus, chef de service de pédiatrie à Bondy. La couverture vaccinale reste insuffisante : à peine la moitié des enfants a reçu le vaccin contre le méningocoque C, sérogroupe retrouvé dans 22 % des infections invasives à méningocoque. De plus, il n’existe pas de vaccin efficace contre le sérogroupe B, retrouvé dans 70 % des infections invasives graves.
Des symptômes non spécifiques.
Le méningocoque concerne surtout les 0-4 ans et les grands enfants. Il représente 44 % des méningites bactériennes. Dans la plupart des cas, les enfants ne présentent aucun facteur de risque. « La méningite à méningocoque est difficile à diagnostiquer car les premiers symptômes, dans les 4 à 8 premières heures, ne sont pas spécifiques », souligne le Dr Pierre Bakhache, pédiatre libéral à Saint-Quentin (02).
Chez les tout-petits, la fièvre doit alerter, ainsi que des modifications du comportement : la somnolence, l’apathie, suivie d’une agitation inhabituelle, l’anorexie, les vomissements, la diarrhée, une altération générale et un état grognon, ainsi qu’une nuque anormalement molle ou raide. D’autres manifestations cliniques relèvent de l’urgence. « Un purpura est retrouvé dans un tiers des méningites », observe le spécialiste. Chez les 12-16 ans, une fièvre brutale à 39 °C minimum, une modification du teint, une raideur de la nuque, des céphalées, une photophobie, parfois une somnolence nécessitent une prise en charge thérapeutique rapide.
Informer, prévenir et soutenir.
En 2000, Jimmy Voisine, père d’Audrey, décédée à l’âge de 12 ans des suites d’une méningite à méningocoque C a créé « Méningites France - Association Audrey ». L’association, à l’origine de la Journée organisée depuis 2010 le premier samedi du mois d’octobre, veut alerter sur les difficultés du diagnostic, et informer sur les moyens de vaccination et de prévention. Le 18 octobre prochain, Jimmy Voisine a rendez-vous au ministère de la Santé pour proposer un dossier de prévention des méningites dans les PMI. Il investit aussi son énergie auprès des professionnels de santé : « Nous travaillons sur la formation des étudiants en médecine, des pharmaciens et des professions paramédicales », insiste le président de « Méningites France - Association Audrey ». Le soutien des parents endeuillés le mobilise également. À Angers, il est à l’origine de la déclaration automatique de décès de la mairie vers la Caisse d’allocations familiales (CAF), qui épargne les parents d’une démarche pénible. Il porte aussi un projet de loi destiné à proroger l’arrêt de travail des parents en deuil.
Pour en savoir plus : www.info-meningocoque.fr et www.associationaudrey.fr ou www.asso-audrey.org
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque