Accusé de meurtre, Pistorius sera examiné par des psychiatres

Publié le 20/05/2014
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Crédit photo : AFP

Oscar Pistorius subira à partir de lundi prochain des examens psychiatriques pour établir son degré de responsabilité pénale dans le meurtre de sa petite amie en 2013, avant de revenir au tribunal le 30 juin, a annoncé ce mardi 20 mai la juge chargée du procès.

Le champion double amputé des jambes, dont la défense soutient qu’il souffre d’un trouble anxieux généralisé pouvant expliquer son geste fatal, ne sera pas interné mais devra se présenter aux heures de bureau à l’hôpital psychiatrique de Weskoppies, à Pretoria. « Comme patient externe » et « à 09H00 » (07H00 GMT), a précisé mardi la juge Thokozile Masipa, de même que « tous les jours suivants à l’heure fixée (...) pour une période ne devant pas excéder 30 jours ». Il devra y rester jusqu’à 16H00 (14H00 GMT), sauf si l’équipe médicale en décide autrement, a-t-elle indiqué, avant de désigner quatre cliniciens spécialisés, trois psychiatres et un psychologue.

Pas de surveillance 24h/24

Pistorius, 27 ans, ne sera pas mis en observation 24 heures sur 24, comme c’est parfois le cas dans ce type d’affaires. « On ne fait pas des évaluations de patients externes car parfois on a besoin de savoir comment se comporte la personne la nuit, comment elle dort ou ne dort pas », s’est étonné auprès de l’AFP un psychiatre clinicien du Cap (sud) Sean Kaliski. « Si l’on observe quelqu’un 24 heures sur 24 pendant quelques semaines, on se fait une idée de la façon dont il ou elle entre en relations avec les autres », a-t-il ajouté.

L’expertise, demandée par le parquet, pèsera lourd dans la suite du procès qui était prévu initialement pour durer trois semaines.Les experts doivent « vérifier si l’accusé, pour des raisons de santé ou d’infirmité mentale, était pénalement responsable au moment du crime pour lequel il est poursuivi », et s’il était capable d’apprécier la nature illicite de son acte ou d’agir en fonction de cette appréciation, a souligné la juge Masipa. Celle-ci cherche à éviter toute contestation du verdict qu’elle sera seule à rendre, sans l’aide d’un jury, aidée seulement de deux assesseurs.

Handicap de naissance et troubles anxieux

Si l’athlète est jugé irresponsable, le procès pourrait s’arrêter. Si les experts concluent à des facultés diminuées, cela lui vaudrait des circonstances atténuantes. Passible de la prison à vie, soit 25 ans de réclusion incompressible, le sportif, étendard du sport paralympique mondial avant le meurtre, plaide non coupable. Unique survivant du drame, il ne nie pas avoir tué la jeune mannequin Reeva Steenkamp, 29 ans, venue fêter en amoureux la Saint-Valentin 2013 avec lui. Mais il affirme avoir cédé à la panique, après avoir entendu la nuit un bruit suspect et cru à un cambriolage, il avait saisi son arme, progressé dans le couloir menant à sa salle de bains et tiré sur la porte des WC sans savoir que Reeva s’était levée et se trouvait derrière la porte.

Le parquet soutient au contraire qu’il l’a sciemment abattue. Il s’appuie sur les témoignages de voisins, réveillés dans la nuit par des éclats de voix puis les cris d’une jeune femme terrifiée appelant à l’aide, mais aussi sur l’expertise balistique qui a conclu que la première des quatre balles a laissé à la jeune femme le temps de crier.

Un trouble anxieux généralisé nourri dès son enfance

L’accusation a aussi longuement accablé les traits de personnalités du sportif : son égocentrisme, sa propension à se montrer instable et dominateur, notamment avec les femmes, et à fuir en permanence ses responsabilités.

Pistorius, toujours armé, n’a lui-même jamais soulevé le problème de son éventuelle irresponsabilité pénale ou d’un trouble psychique, par ailleurs incompatible avec un port d’arme. Une psychiatre citée par la défense a cependant estimé qu’on ne pouvait analyser son geste sans tenir compte de son handicap de naissance et d’un trouble anxieux généralisé nourri très tôt sous l’emprise de ses parents.

Né sans péronés, amputé et équipé de prothèses, Pistorius a été poussé très tôt vers la pratique assidue de tous les sports, rugby compris. Sans parler de maladie mentale, cette pression aurait exacerbé à la longue une anxiété intérieure et sa peur de la criminalité très élevée en Afrique du Sud.

Révélé aux Jeux paralympiques d’Athènes en 2004, Pistorius a écrit une page d’histoire en devenant le premier athlète handicapé masculin à prendre le départ avec des valides aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, courant sur des lames de carbone.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr