Un fardeau en Angleterre

237 millions d'erreurs médicamenteuses par an

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Publié le 16/06/2020
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Une étude médico-économique s'est penchée sur la question des erreurs médicamenteuses outre-manche. Un appel à mieux comprendre le phénomène en soins primaires en vue d'une meilleure prévention.
Une sur cinq est commise à l'hôpital

Une sur cinq est commise à l'hôpital
Crédit photo : S.Toubon

Chaque année, il y aurait plus de 237 millions d'erreurs médicamenteuses (EM) en Angleterre. Bien qu'évitables, elles se retrouvent à l'origine de la perte de 1 700 vies et d'un coût supplémentaire pour le système de santé de 98 millions de livres (109 millions d'euros), voire selon les pires scénarios, 22 300 décès et 1,6 milliard de livres (1,78 milliard d'euros) selon une étude publiée dans « BMJ Quality & Safety ».

Les chercheurs de l'Université de Manchester se sont appuyés, pour établir leurs estimations, sur les prévalences des EM dans les soins primaires, secondaires et à domicile jusqu'en octobre 2018 et sur les ressources de santé qui y sont associées.

Des erreurs à tous les niveaux

Les erreurs médicamenteuses surviennent à toutes les étapes de la prise en charge : 54 % lors de l'administration, 21 % lors de la prescription, 16 % au cours de la dispensation, 7 % pendant le monitoring.

Les taux d'erreurs sont les plus forts dans le contexte du domicile (42 %). Ils sont les plus faibles dans les soins primaires, mais le secteur accueillant le plus grand nombre d'actes de soins en valeur absolue, il concentre deux EM sur cinq (38 %), tandis qu'une EM sur cinq (20 %) est commise à l'hôpital.

Plus de 70 % des erreurs sont mineures

Selon les chercheurs, trois EM sur quatre (72 %) sont mineures. Une erreur sur quatre (26 %) est à l'origine de dommages modérés. Et seulement 2 % provoquent de sérieuses complications. Ces dernières surviennent dans un tiers des cas dans la prescription, en première ligne.

Quant aux médicaments à l'origine d'erreurs nécessitant une hospitalisation, les chercheurs identifient les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les anticoagulants, les antiépileptiques, les corticostéroïdes inhalés, et certains glycosides cardiaques ou bêtabloquants.

La plupart des décès (80 %) sont liés à des hémorragies intestinales causées par les AINS, de l'aspirine ou la warfarine.

« Les médicaments omniprésents dans les soins de santé contribuent, naturellement, à l'augmentation des erreurs médicamenteuses, alors que certains ne sont pas cliniquement importants », commentent les auteurs. Et d'appeler à développer les connaissances sur les origines des erreurs médicamenteuses, pour en réduire le fardeau. En ciblant notamment les soins primaires.

Un projet qui rejoint les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de diviser de moitié entre 2017 et 2022 le fardeau des erreurs médicamenteuses sévères et évitables.

RA Elliott et al. BMJ Quality and Safety, 2020. dx.doi.org/10.1136/bmjqs-2019-010206

Coline Garré

Source : Le Quotidien du médecin