Les jeunes furent au centre de la campagne présidentielle de François Hollande. Un an après son élection, la SMEREP, qui gère le centre 617 de la Sécurité sociale étudiante en Ile-de-France (175 000 étudiants) et propose des couvertures complémentaires pour 45 000 d’entre eux, livre une photographie de leur rapport à la santé, grâce à une enquête réalisée par Harris Interactive*.
- Fragiles, stressés, flirtant avec le risque
Les étudiants se déclarent majoritairement (88 %) en bonne santé. Mais Pierre Faivre, vice-président de la SMEREP, invite à relativiser : « À 20 ans, il est normal de se sentir en bonne santé. On observe néanmoins un recul de 5 points par rapport au chiffre de 93 % en 2011. »
Les jeunes se sentent néanmoins stressés, déprimés, et sans grande confiance en eux, ni en l’avenir, un sentiment en progression ces dernières années (de 36 % en 2009, à 66 % en 2011 puis 76 % en 2013). Ils sont 15 % à témoigner de pensées suicidaires, 7 % consomment des anxiolytiques, 5 % des antidépresseurs.
Ils dorment mal (26 % ont moins de 8 heures de sommeil par nuit, 16 % moins de 6 heures) et ne mangent pas mieux (40 % sautent au moins un repas par semaine). Ils sont de plus en plus nombreux (18 % contre 6 % il y a 2 ans) à se plaindre de violences, notamment physiques.
Les comportements à risque (tabac, alcool notamment) restent stables. Les étudiants ne sont que 41 % à utiliser systématiquement un préservatif et un tiers seulement réalise un test de dépistage à chaque changement de partenaire. Dans les 12 derniers mois, 15 % des étudiantes ont pris une contraception d’urgence, à cause d’un oubli de pilule pour la moitié d’entre elles. 5 % ont eu recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG).
La fragilité est aussi financière. Un tiers des étudiants est boursier, la même proportion est contrainte de travailler. Ils vivent en moyenne avec 480 euros par mois (538 en Ile-de-France).
– Renoncement à la santé
Seulement 88 % des étudiants sont couverts par une mutuelle. Aussi 14 % considèrent que la médecine est trop chère (22 % en Ile-de-France) et 15 % ont renoncé aux soins au cours des 6 derniers mois. L’autre raison invoquée est le manque de temps.
Entre contraintes financières et temporelles, 75 % des jeunes « attendent » que leurs maux passent ou demandent conseils à leur entourage (66 %). Ils ne sont que 45 % à consulter le généraliste en cas de maladie, et 22 % le pharmacien. Très peu (5 et 1 %) se tournent vers les centres de santé ou l’infirmerie scolaire.
Si les étudiants gardent confiance dans leur médecin (à 85 %), ils se montrent plus sceptiques à l’égard des institutions comme le ministère de la Santé et encore plus à l’égard de l’industrie pharmaceutique (27 %). Concrètement, une étudiante sur 4 vient d’arrêter ou prévoit de changer de pilule en raison de l’affaire de pilules de 3e et 4e génération.
– Automédication, achat de médicaments en ligne
Plus de 60 % des étudiants pratiquent systématiquement l’automédication. En Ile-de-France, ils sont même 77 % à piocher dans l’armoire à pharmacie des produits déjà utilisés pour des symptômes équivalents.
Près d’un étudiant sur 5 (18 %) envisage d’acheter des médicaments sur Internet avec l’ouverture des cyberpharmacies.
* Enquête réalisée par questionnaire en ligne de 63 items, diffusé du 4 mars au 8 avril 2013, auprès de 500 étudiants sur toute la France et 700 étudiants issus du fichier de la SMEREP en Ile-de-France, selon la méthode des quotas.
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