Quelle est la protection conférée par les vaccins à ARNm face aux variants émergents ? Si ceux de Pfizer-BioNTech et de Moderna se révèlent aussi efficaces contre le variant britannique que contre les variants originaux, il ne semble pas en être de même pour le sud-africain et le brésilien. C’est ce qu’a cherché à quantifier plus précisément une étude américaine en testant des pseudovirus représentant les 10 souches circulantes de SARS-CoV-2.
Dans « Cell », les chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) et de l’institut Ragon (MGH/Massachusetts Institute of Technology/Harvard) décrivent, vis-à-vis des variants, le potentiel neutralisant des anticorps générés par la prophylaxie chez 99 individus vaccinés par une ou deux doses de l’un des deux vaccins à ARNm.
Dans les études vaccinales en effet, « les analyses ont suggéré des variations géographiques marquées avec une moindre efficacité contre la forme légère à modérée de la maladie dans des pays tels que l’Afrique du Sud et le Brésil, où l’épidémie est dominée par des variants », rappellent les auteurs.
Les mutations RBD problématiques
Cinq de ces 10 pseudovirus, qui présentaient tous des mutations du domaine de liaison au récepteur (RBD) situé sur la protéine Spike, « étaient hautement résistants à la neutralisation », soulignent les auteurs. Il s’agit de deux souches apparues au Brésil et au Japon (P.2 et P.1) et de trois sud-africaines.
L’auteur senior Alejandro Balazs, de l’institut Ragon, explique ainsi dans un communiqué : « Quand nous avons testé les anticorps neutralisants vaccino-induits contre ces nouvelles souches, nous avons trouvé que les trois décrites d’abord en Afrique du Sud étaient 20 à 40 fois plus résistantes à la neutralisation et que les deux décrites au Brésil et au Japon l’étaient cinq à sept fois par rapport au virus SARS-CoV-2 original. »
Un plaidoyer pour garder un schéma à deux doses
Sans surprise, « les individus n’ayant reçu qu’une seule dose vaccinale présentaient des titres de neutralisation plus faible dans l’ensemble », y compris pour des souches habituellement contrôlées, écrivent les auteurs. Ce qui leur fait souligner « l’importance du schéma à deux doses pour arriver à ces titres, et peut-être plus largement, pour améliorer la protection contre les nouveaux variants ». Ces résultats sont à prendre en compte « dans le contexte de propositions d’administrer une seule dose de vaccin à un large nombre d’individus au lieu d’utiliser deux doses pour booster les premiers vaccinés », insistent-ils.
Pour autant, le plus faible pouvoir neutralisant observé n’est pas forcément synonyme d’une absence de protection, tempèrent-ils. La neutralisation croisée n’est certes que partielle vis-à-vis des nouveaux variants mais leur étude n’a pas pris en compte l’immunité cellulaire, médiée notamment par les lymphocytes T et NK. Il n’en reste pas moins que ces résultats sont en faveur « d’une reformulation des vaccins existants de façon à inclure des séquences diverses de Spike » et à assurer une protection la plus large possible.
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