Une étude s’élève contre l’idée qu’un régime pauvre en sodium permettrait de faire baisser la pression artérielle (PA). Présentée ce mardi 25 avril lors des sessions scientifiques de la société américaine de nutrition, lors du congrès Experimental Biology 2017, elle a été menée auprès de 2 632 personnes âgées de 30 à 64 ans, qui avaient toutes une PA normale au début des travaux et qui ont été suivies pendant 16 ans.
Elle s’inscrit donc en faux contre les recommandations américaines (qui conseillent une prise maximale de 2,3 g de sodium par jour*), mais aussi les françaises (pas plus de 2,4 g) et celles de l’OMS (pas plus de 2 g). « Nous n’avons pas observé qu’un régime faible en sodium présentait des bénéfices à long terme sur la pression artérielle », a indiqué Lynn Moore, professeur associé de médecine à l’école de médecine de l’université de Boston.
Parmi les participants à l’étude, les chercheurs ont observé que ceux qui consommaient moins de 2,5 g de sodium par jour présentaient une pression artérielle plus élevée que ceux qui en consommaient davantage. Lynn Moore rappelle que d’autres études précédemment publiées avaient déjà conclu à l’existence d’une « courbe en J », sur la relation entre sodium et risque cardiovasculaire : les personnes présentant une faible consommation (correspondant aux recommandations américaines) et une très forte consommation sont à plus haut risque de maladie cardiovasculaire.
Dans cette étude, les chercheurs ont observé que les prises de potassium, de calcium et de magnésium jouaient aussi un rôle. Ce sont en particulier les personnes présentant des consommations élevées de sodium (à 3 717 mg par jour) et de potassium (3 211 mg par jour) combinées qui avaient les plus faibles PA.
Des populations plus sensibles
Pour le Pr Xavier Girerd, cardiologue à la Pitié-Salpêtrière, si « consommer trop de sel n’est pas bon pour certains, ne pas en consommer assez n’est pas non plus recommandé pour les personnes en bonne santé ». Il estime ainsi qu’il faut être particulièrement attentif à la consommation en sel chez les insuffisants cardiaques ainsi que dans certaines maladies rénales.
L’étude américaine précise aussi qu’il existe probablement un sous-groupe de personnes sensibles au sel, qui bénéficieraient de diminuer leur consommation mais que des méthodes simples sont nécessaires pour les identifier.
Des résultats à relativiser
Pour Pierre Méneton, chercheur à l’INSERM, il faut d’abord relativiser cette présentation car « il n’est pas facile de contrôler un paramètre de ce type sur une durée de 16 ans, et il conviendrait de voir plus précisément si cette étude est robuste. L’an dernier, l’étude TOPH, pour trial of prevention of hypertension, avait de son côté montré une association entre la consommation de sel et la morbi-mortalité cardiovasculaire. »
* il faut multiplier par 2,5 la quantité de sodium pour obtenir celle en sel (2 g de sodium correspondent ainsi à 5 g de sel)
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