L’association de deux biomarqueurs, THBS2 (plasma thrombospondine 2) et CA19-9, permettrait de détecter l’adénocarcinome ductal pancréatique (ACDP) plus tôt qu’il ne l’est généralement, et donc d’améliorer le pronostic des patients concernés. Ces résultats ont été présentés par une équipe américaine dans « Science Translational Medicine ».
CA19-9 est un marqueur déjà connu, qui permet d’évaluer la progression de l’ACDP, mais il n’est pas utilisé comme outil de détection à un stade précoce, en particulier parce qu'il est très présent dans certaines pathologies pancréatiques non malignes comme la pancréatite chronique. D’autres marqueurs ont été envisagés (protéines sanguines ou urinaires, exosomes, micro-ARN…), mais la plupart ne sont pas utiles à des stades précoces, au moment où une détection serait pertinente.
Les auteurs de cet article ont réalisé plusieurs études, de phase I, phase IIa et phase IIb, pour parvenir à l’association de CA19-9 et de THBS2. Ils ont tout d’abord étudié un modèle cellulaire qui reproduisait la progression du cancer du pancréas, et identifié 107 protéines sécrétées lors des stades précoces. Ils se sont arrêtés sur 3 d’entre elles, MMP2, MMP10 et THBS2, qui étaient à la fois peu abondantes et pour lesquelles un test ELISA était disponible. Ils ont testé ces trois protéines comme marqueurs potentiels de l’ACDP dans une étude de phase I comprenant 10 patients présentant un ACDP et 10 individus sains. Mais MMP2 ne permettait pas de faire la distinction entre les deux groupes et le signal de MMP10 était indétectable. En revanche, THBS2 permettait de distinguer entre le groupe « ACDP » et le groupe contrôle.
Une spécificité de 99 % et une sensibilité de 87 %
Les phases IIa et IIb ont permis de valider ces résultats et de les préciser. Les chercheurs ont ainsi testé le THBS2 seul, et l’association THBS2/CA19-9 chez des patients à différents stades de cancer du pancréas, et chez des patients présentant d’autres maladies pancréatiques bénignes, car, comme ils l’indiquent dans leur article, « nous plaçons la spécificité au-dessus de la sensibilité, du fait de l’anxiété qu’occasionne cette détection chez les patients, et des coûts occasionnés par l’évaluation diagnostique qui suit ». Ils ont observé une spécificité de 99 % et une sensibilité de 52 % avec le THBS2 seul, mais une spécificité de 99 % et une sensibilité de 87 % avec l’association des deux biomarqueurs.
Pour les personnes à risque seulement
Les auteurs souhaitent poursuivre leurs recherches, en particulier pour déterminer, par une étude longitudinale, si le sous-groupe de patients positifs pour THBS2 mais qui ne présentent pas de signe clinique du cancer est effectivement atteint, à un stade précoce. Ils pensent que ces biomarqueurs seraient utiles chez les personnes à haut risque (c’est-à-dire ceux qui ont un parent de premier degré ayant eu un cancer du pancréas, ceux qui présentent une prédisposition génétique, et ceux qui développent un diabète – signe d’une altération pancréatique – après 50 ans), plutôt que dans la population générale, du fait de la faible prévalence du cancer du pancréas.
Aux États-Unis, l’incidence du cancer du pancréas est de 53 000 cas par an. Il s’agit actuellement de la quatrième cause de mortalité par cancer (mais il est prévu qu’elle soit la deuxième en 2020) et le taux de survie est de 7 % à 5 ans (mais il est multiplié par 4 quand le cancer est détecté à un stade précoce). La majorité des cancers du pancréas ne sont pas détectés aujourd’hui avant un stade avancé, quand la tumeur ne peut plus être ôtée chirurgicalement.
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