Après les résultats limités de la chirurgie, de la radiothérapie, de la chimiothérapie et des agents ciblés, l'immunothérapie est très attendue dans le glioblastome.
Dans « The New England Journal of Medicine », l'équipe de la faculté de médecine Duke coordonnée par le Dr Darell Bigner publie des résultats encourageants en phase I pour un vaccin polio recombinant (PVSRIPO) dans le glioblastome en rechute (stade IV).
Les résultats ont été présentés aujourd'hui à la 22e Conférence internationale de recherche et traitement sur les tumeurs cérébrales en Norvège. Le vaccin PVSRIPO a reçu en 2016 le titre de « breakthrough therapy » par la Food and Drug Administration (FDA).
Le pouvoir antitumoral des virus
Certains virus ont le pouvoir d'interférer dans l'évolution des cancers, soit en faisant exprimer des antigènes viraux et d'augmenter ainsi la visibilité de la tumeur auprès du système immunitaire, soit en exerçant une action oncolytique.
L'idée d'utiliser le poliovirus dans le glioblastome repose sur son neurotropisme via le récepteur CD155. Ce récepteur est exprimé par les cellules présentatrices de l'antigène (CPA), ces cibles classiques du poliovirus après infection orale, mais aussi largement surexprimé par les cellules malignes.
Afin de protéger les neurones sains et d'augmenter la spécificité contre la tumeur, l'équipe a utilisé une souche vaccinale non pathogène du poliovirus (vaccin vivant atténué) et l'a modifiée en remplaçant le site d'entrée du ribosome interne viral par celui d'un rhinovirus, ce qui bloque la réplication virale.
En préclinique, le PVSRIPO s'est avéré doté d'effets cytotoxiques tumoraux, d'un pouvoir d'activation de l'interféron via les CPA et capable d'entraîner une forte réponse inflammatoire contre le poliovirus.
Une réponse imprévisible
Administré directement en intra-tumoral, le vaccin testé à 7 dosages chez 61 patients a confirmé l'absence de neurovirulence potentielle. Pour 70 % des patients traités, les effets secondaires liés au poliovirus étaient légers à modérés, soulignent les auteurs. Du bévacizumab à faible dose a été utilisé pour contrôler l'inflammation localisée et ses effets secondaires, le recours aux glucocorticoïdes étant limité dans le cadre de l'essai.
Si la survie globale médiane était comparable aux contrôles historiques (12,5 mois vs 11,3 mois), un avantage pour le vaccin est apparu à 2 ans. À 24 mois, la survie globale était de 21 % dans le groupe PVSRIPO par rapport à 14 % pour les contrôles ; à 36 mois, elle était toujours de 21 % par rapport à 4 %.
Pour le Dr Annick Desjardins, neurochirurgienne à la faculté Duke et premier auteur : « Comme de nombreuses immunothérapies, il semble que certains patients ne répondent pas pour une raison ou pour une autre, mais s'ils le font, ils deviennent souvent des survivants à long terme. La grande question est de savoir comment s'assurer que chacun répond. »
Le vaccin PVSRIPO est d'ores et déjà testé par la même équipe dans un essai de phase 2, qui évalue l'efficacité du vaccin modifié seul ou associé à un cycle unique de lomustine dans le glioblastome de stade IV. Un recrutement a également commencé pour un essai dans les tumeurs cérébrales pédiatriques.
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