Alors qu'il est relativement peu fréquent, le cancer du pancréas constitue la quatrième cause de mortalité par cancer en Europe.
C'est l'un des cancers les plus redoutés, avec une survie moyenne de seulement 6 mois et une survie à 5 ans inférieure à 10 %. La résection chirurgicale est le seul traitement potentiellement curatif à l'heure actuelle. Mais le plus souvent, le cancer est détecté au stade avancé car il évolue longtemps sans symptôme. Le meilleur marqueur tumoral disponible en pratique clinique, CA 19-9, est modérément sensible (75 %) et spécifique (77 %) mais il ne s'élève que tardivement.
« Une détection plus précoce du cancer pourrait augmenter la survie d'environ 30 à 40 % ; et la possibilité de mieux évaluer en temps réel la réponse au traitement pourrait prolonger la survie et/ou améliorer la qualité de vie », souligne l'équipe du Dr Ralph Weissleder (Massachusetts General Hospital, Boston) dans une étude publiée dans la revue « Science Translational Medicine ».
Détecter des vésicules extracellulaires tumorales (VEt)
Cherchant à développer un test sanguin pour identifier le cancer du pancréas dès le stade précoce, l'équipe s'est intéressée à la détection des vésicules extracellulaires tumorales (VEt). La plupart des cellules humaines libèrent des nanovésicules dans l'espace extracellulaire, et ces dix dernières années nous ont appris que ces vésicules extracellulaires (VE) contiennent des acides nucléiques, des protéines et des lipides qui reflètent le profil moléculaire des cellules parentales. Les VE circulent dans les liquides corporels et jouent des rôles physiologiques (communication, interaction…) et pathologiques.
Yang et coll. ont développé une méthode de détection (« plasmonique multiplexée avancée ») pour analyser rapidement les VEt circulantes dans les échantillons sanguins. En étudiant dans une première série d'échantillons sanguins (22 cas de cancer du pancréas et 10 témoins sains) plusieurs marqueurs de cancers et deux marqueurs supposés du cancer du pancréas (GPC1 et WNT2), les chercheurs ont constaté qu'une signature de cinq protéines (EGFR, EPCAM, MUC1, GPC1 et WNT2) à la surface des VE permet de détecter de façon exacte tous les cas de cancer du pancréas.
Une cohorte de 43 patients
Les chercheurs ont ensuite analysé une cohorte prospective de 43 patients subissant une chirurgie pour une affection pancréatique (22 cas de cancer du pancréas, 8 cas de pancréatite, 5 cas de tumeur kystique bénigne) ou pour d'autres affections abdominales (8 témoins).
La signature des cinq marqueurs se montre fiable dans 84 % des cas, comparée à un taux de fiabilité de 63 à 72 % pour le dépistage reposant sur un seul marqueur.
Cette signature présente une sensibilité de 86 % pour détecter le cancer du pancréas, et une spécificité de 81 % pour le distinguer des autres affections pancréatiques, un progrès par rapport au marqueur GPC1 isolé, l'un des meilleurs marqueurs, dont la sensibilité est de 82 % et la spécificité de seulement 52 %.
Autres avantages, le test est rapide (10 minutes) et son coût, modeste (60 dollars soit 53 euros), devrait même baisser dans le futur. « Cette approche devrait améliorer le diagnostic du cancer du pancréas », concluent les chercheurs.
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