Le patisiran, un ARN interférent, a montré un bénéfice au-delà des attentes dans la neuropathie amyloïde familiale à transthyrétine.
Les résultats de cette étude de phase III menée par des équipes AP-HP, INSERM et Université Paris-Sud sont publiés dans « The New England Journal of Medicine ». « Le patisiran est un médicament intelligent, qui va cibler spécifiquement une protéine du foie », indique au « Quotidien » le Pr David Adams de l'hôpital Bicêtre et du centre de référence neuropathies amyloïdes familiales et autres neuropathies périphériques rares, qui a mené l'étude.
La neuropathie amyloïde familiale à transthyrétine est une maladie rare - « environ 500 cas en France », pour laquelle « nous n'avons quasiment pas de traitement à proposer aux patients », précise le Pr Adams.
Un Nobel en 2006
L'ARNi est une nouvelle classe thérapeutique qui permet de bloquer avec précision la production d'une protéine spécifique. La démonstration de son principe a fait l'objet d'un prix Nobel en 2006. « Le patisiran permet d'empêcher la production de transthyrétine mutée et normale, en bloquant l'ARN messager grâce à quelques bases de nucléotides spécifiques », explique le Pr Adams.
« La phase II a montré que le patisiran réduit de 80 % la production de transthyrétine », note le Pr Adams. Or, la diminution de la production de transthyrétine normale n'a pas de conséquence néfaste. L'étude de phase III APOLLO a confirmé le bénéfice du patisiran. 225 patients ont été inclus : 148 ont reçu du patisiran et 77 un placebo. « Pour la première fois, nous avons réussi à faire reculer la maladie. La grande surprise a été l'amélioration de quatre critères majeurs », s'enthousiasme le Pr Adams.
Vrais changements cliniques
Au bout de 18 mois, le score de neuropathie - critère principal - a été amélioré pour 56 % des patients. La qualité de vie, la marche et les troubles végétatifs se sont également améliorés. « Ce traitement représente un vrai changement pour les patients qui retrouvent leur autonomie et recommencent à faire des projets », commente le Pr Adams. Le patisiran a par ailleurs un bon profil de tolérance.
L'étude d'extension permet aux patients de l'étude de recevoir le traitement en attendant l'autorisation de mise sur le marché (AMM). Une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) a été délivrée au début de l'année.
« Les résultats obtenus avec le patisiran génèrent de l'espoir et ouvrent la voie à une nouvelle génération de thérapies basées sur l'ARNi. Des essais de phase I sont en cours, notamment dans la maladie de Parkinson », conclut le Pr Adams.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation