Un taux élevé d'hormone antimüllérienne (AMH) chez des souris gestantes entraîne une cascade d'événements chez le fœtus conduisant au syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) à l'âge adulte. Ces travaux, menés par des chercheurs de l'INSERM et de l'université de Lille, publiés dans « Nature Medicine », suggère que ce syndrome, le plus fréquent des troubles de la fertilité féminine, serait causé par la surexcitation de neurones cérébraux, ce qui ouvre à une nouvelle compréhension de la maladie.
De précédentes études ont montré que les niveaux d'AMH dans le sang sont deux à trois fois plus élevés chez les femmes présentant un SOPK que chez les femmes n'en ayant pas, la sévérité des troubles de la fertilité étant corrélé au niveau d'AMH.
Hyperandrogénisme pendant la grossesse
Dans cette étude, les niveaux d'AMH pendant la grossesse ont été étudiés chez 66 femmes atteintes de SOPK et de 63 femmes « contrôle ». Chez les femmes SOPK minces, les niveaux d'AMH sont beaucoup plus élevés – ces observations n'ont pas été faites chez les femmes obèses.
Des expériences sur la souris ont été réalisées afin de comprendre si cette surproduction d'AMH pouvait être liée au développement de la maladie chez la descendance. Des souris ont ainsi reçu de l'AMH en fin de gestation. Une hyperandrogénie gestationnelle et une descendance femelle présentant les caractéristiques du SOPK (trouble de l'ovulation, élévation des taux de testostérone et de LH…) ont été observées.
« L'AMH va inhiber une enzyme placentaire responsable de la conversion de la testostérone produite par les ovaires en œstrogènes, l'aromatase. Ce blocage entraîne une accumulation de testostérone chez la mère. Cela suggère que l'hyperandrogénisme pendant la grossesse est peut-être lié à l'élévation de l'AMH chez la femme », explique au « Quotidien » Paolo Giacobini, co-auteur de l'étude et chercheur INSERM (université et hôpital de Lille).
Une suractivité persistante des neurones à GnRH
« Nous avons également montré une activité élevée et persistante des neurones hypothalamiques à GnRH chez la descendance à l'âge adulte. Cette hyperactivité entraîne une surproduction de LH et de testostérone, à l'origine de la progression de la maladie », note le chercheur.
Face à ces constats, les chercheurs ont testé un antagoniste de la GnRH, le cétrorélix. La maladie ne se déclare pas chez la descendance de souris ayant reçu de l'AMH et ce traitement. Par ailleurs, lorsque ce même traitement est utilisé pour traiter directement la descendance malade, une sécrétion normale de LH est retrouvée induisant la restauration d'un phénotype normal.
Ces résultats permettent d'en savoir plus sur l'origine du SOPK. Paolo Giacobini souligne toutefois : « Ces observations ont été faites chez la souris et ne sont pas directement transposables chez la femme. » Il ajoute : « Cette découverte ouvre la voie à de futures études et change la vision de la maladie qui ne doit pas être centrée sur l'ovaire. En agissant sur la cascade d'événements dans le cerveau, de nouvelles stratégies sont à envisager. »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation