En se fondant sur le concept d'administration continue de l'insuline, une équipe française développe une forme de dopamine qui pourrait être délivrée directement dans le cerveau, la A-dopamine. Une avancée présentée à la 13e édition de l’International Basal Ganglia Society, à Biarritz.
« Lorsque j’explique à mes étudiants que l’administration orale intermittente du précurseur de la dopamine, la L-Dopa, ne restaure que partiellement la transmission dopaminergique et qu’elle est à l’origine de complications motrices (périodes on/off, dyskinésies) très invalidantes chez 80 % des patients après 10 ans, il y en a toujours un qui demande pourquoi ne pas délivrer la dopamine elle-même directement dans le cerveau », explique le Pr David Devos, professeur de pharmacologie médicale et neurologue à l’université de Lille, CHU et INSERM.
Au premier abord, cette réflexion peut paraître saugrenue, ignorant l’extrême rapidité d’oxydation de la dopamine et le manque d’ergonomie des systèmes d’administration en continue via une pompe (L-dopa intra-intestinale, apomorphine sous-cutanée).
Une pompe implantée en sous-cutanée
« Nous avons breveté une forme de dopamine anaérobie (A-dopamine), produite sans oxygène, et avons repris le concept d’administration en continue d’insuline chez le patient diabétique », explique le Pr Devos. Ainsi, A-dopamine est stockée dans une pompe implantée en sous-cutanée dans l’abdomen des patients. Un fin cathéter sous la peau est relié à cette pompe, ce qui permet de distribuer localement la dopamine dans les ventricules cérébraux, près du striatum, un des noyaux gris centraux siège de la sécrétion physiologique de la dopamine.
« Les essais sur les modèles animaux de la maladie de Parkinson montrent une restauration des fonctions motrices (pas de tachyphylaxie, ni de dyskinésies) », révèle le Dr Caroline Moreau, neurologue au centre expert sur la maladie de Parkinson au CHU de Lille. Dans cette ville, une étude pilote unicentrique est prévue début 2020.
L’accumulation anormale de fer labile dans les neurones de la substance noire pars compacta entraîne une production importante de radicaux libres conduisant à la mort cellulaire de neurones dopaminergiques à l’origine des symptômes de la maladie de Parkinson. Lutter contre cette accumulation de fer reviendrait à ralentir la progression de la maladie.
Aucune tentative initiée chez l'homme
Jusqu’à présent, aucune tentative n’a été initiée chez l’homme par crainte d’induire une anémie. La défériprone (DFP) est une molécule chélatrice du fer, indiquée dans les bêta-thalassémies. L’étude clinique pilote FAIR-PARK I, incluant 40 patients ayant en moyenne deux ans d’évolution de la maladie, a démontré que la chélation conservatrice du fer par de faibles doses de DFP s’accompagne d’une amélioration motrice et d’un effet neuroprotecteur.
« Nous devons à présent confirmer ces résultats sur ces patients de novo », s’enthousiasme le Pr Devos. C'est l'objectif de FAIR-PARK II, une étude randomisée, DFP 30 mg/kg/jour versus placebo, menée pendant 9 mois et incluant 338 patients dans 24 centres dans 8 pays Européens. Les résultats sont attendus en décembre 2020.
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