« Après le Bataclan, la question du sens de la vie, de la relation à l'autre, de l'amour, de la différence, et de l'empathie, au cœur de la relation médecin patient, m'est apparue plus que jamais comme une valeur fondamentale », explique le Dr Pierre Canoui, président de la Fédération française de psychothérapie et de psychanalyse (FF2P)*, qui organise avec l'ONG World Council for psychotherapy le 8e Congrès mondial de psychothérapie, pour la première fois en France, après avoir voyagé en Afrique du Sud, en Australie, en Chine, en Argentine ou en Autriche.
Les thèmes abordés lors de ces cinq jours de congrès sont vastes : questions du genre, nouvelles relations homme et femme, la différence, les cultures, les migrations, le psychotraumatisme… Les intervenants, nombreux : Marie De Hennezel, Bernard Golse, Marie-Rose Moro, Irvin Yalom, le Brésilien Adalberto Barreto… cette étendue reflète l'extension du domaine de la psychothérapie : « elle a changé, elle est en train de sortir du domaine médical - où il s'agissait de guérir le symptôme - pour aller vers le psychomédico social », analyse le Dr Canoui. « On est confronté aujourd'hui à des troubles d'adaptation de l'homme à son environnement. La demande du patient est différente : plus seulement faire disparaître le symptôme, mais cheminer vers le bien-être », insiste le pédopsychiatre, spécialiste du burn et bore-out - exemples d'un environnement « malade et pathogène ».
Des méthodes et des approches multiples
Au-delà des attentes de la société à l'égard de la psychothérapie, c'est aussi son arsenal qui s'est élargi. Ce 8e congrès devrait être l'occasion de présenter les multiples méthodes et approches qui cohabitent aujourd'hui. « Le paradigme change : la France sort de la domination de la psychanalyse pour appréhender d'autres approches : les psychothérapies humanistes (qui questionnent l'éthique et le sens de la vie), psycho-corporelles, cognitivo-comportementales, familiales et systémiques et enfin les psychothérapies transculturelles », détaille le président de la FF2P.
L'enjeu, selon le Dr Canoui, est d'améliorer l'accès à la psychothérapie. « La recherche prouve que ça marche, sur les symptômes et la qualité de la vie ! », assure-t-il. Reste à relever le défi de l'évaluation des méthodes et des praticiens. Le terme de psychothérapeute est réservé aux psychiatres, médecins, psychologues cliniciens (titulaires d'un master de psychologie), et aux psychanalystes depuis la loi de 2010, « qui encadre le titre, mais pas le métier », regrette le Dr Pierre Canoui. La FF2P, qui a créé un certificat de psychopraticien, calqué sur les critères du certificat européen, plaide pour un encadrement du métier, avec une formation expérientielle et académique. La nouvelle ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait de la santé mentale une priorité. « Cette politique d'ouverture est une chance pour les citoyens et pour nous », espère le Dr Pierre Canoui.
Programme complet : http://www.wcp2017.org/
*Créée en 1995, la FF2P regroupe 60 organismes de formation et associations, et est membre de l'Association européenne de psychothérapie (EAP) et du WCP.
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