À PREMIÈRE VUE, en lisant la presse, on est enthousiasmé par les travaux sur les cellules souches. C’est un domaine de recherche extrêmement actif et prometteur. « Mais, soyons réalistes il faudra attendre plusieurs années avant d’obtenir des résultats thérapeutiques probants, et encore d’autres années avant que cela devienne un traitement » souligne d’emblée le Pr Hervé Chneiweiss.
La première règle éthique de la recherche en thérapeutique neurologique est de ne pas donner de faux espoirs. Les implants cérébraux par exemple ont apporté une solution thérapeutique à 30 000 parkinsoniens depuis 15 ans, mais ne peuvent être utiles qu’à 5 % des malades et leurs effets secondaires sont lourds et fréquents. Inutile de fantasmer aujourd’hui sur la manipulation des cerveaux.
« Je crois beaucoup plus dans les essais en cours avec les anticorps monoclonaux », précise le scientifique, « par exemple, dans les lésions de la moelle qui étaient considérées comme irréversibles, on s’est rendu compte qu’il existe tout un processus actif qui interdit la réparation. En le levant il est possible d’espérer permettre au corps lui-même de s’autoréparer. »
Tout doit être fait avec mesure et dans les règles de la recherche chez l’être humain, le risque zéro n’existe pas. Toute recherche clinique implique d’évaluer le rapport bénéfice-risque d’un nouveau traitement. « De ce fait, il faut bien informer les patients mais le problème aujourd’hui, est qu’au lieu de permettre au patient de comprendre la recherche, ses objectifs et ses risques, certains se contentent de lui faire signer une attestation d’information ». On est loin du consentement éclairé !
Quand l’espoir est permis avec une recherche donnée, l’autre souci éthique est de mettre au point des approches thérapeutiques réalistes pour des débouchés de soins. « Là encore le domaine le plus prometteur est celui des anticorps monoclonaux. Ils sont très chers mais on sait qu’ils sont efficaces et que leur coût peut baisser avec l’amélioration des moyens de bioproduction. »
Thérapie cellulaire.
En revanche, l’ambiance est différente notamment avec la thérapie cellulaire à base du clonage thérapeutique ou l’utilisation de la transposition nucléaire. On est ici dans une stratégie thérapeutique individualisée, où il faut à chaque fois mettre en uvre des procédés de cultures de cellules, ce qui nécessite une infrastructure lourde. Cette stratégie thérapeutique est-t-elle réaliste ?
Sera-t-elle abordable un jour quand on connaît la difficulté matérielle à produire ces cellules et le coût qui en résulte ? Enfin, la dernière question éthique de ces recherches est de s’interroger sur les maladies choisies. Est-ce qu’on s’intéresse aux bonnes maladies ? Des études sont conduites dans la maladie d’Alzheimer, très peu dans les AVC, seconde cause de mortalité toutes confondues et encore moins dans la migraine et l’épilepsie. « Il n’y a pas de recherche en proportion du besoin social ou du besoin thérapeutique » conclut ce neurobiologiste.
(1) Directeur du laboratoire « plasticité gliale », UMR 894 INSERM, Faculté de Médecine Université Paris Descartes.
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