Au CHRU de Lille, une analyse rétrospective s’est attachée à comparer le devenir des grossesses issues de diabètes gestationnels (DG) précoces et tardifs, pris en charge de 2011 à 2016. Les données démographiques, diabétologiques et obstétricales de plus de 3 500 femmes ont été colligées, et un important travail de contrôle de qualité a été réalisé pour valider ces données. « In fine, 3 000 dossiers ont été retenus, après exclusion des DG diagnostiqués entre la 20e et la 24e semaine, en l’absence de consensus dans cette fourchette, et des DT2 méconnus », précise la Pr Anne Vambergue, du CHRU de Lille.
Parmi ces 3 000 femmes, près de la moitié avaient un DG précoce (49 %), les autres un DG tardif. Toutes ont été prises en charge de la même manière, une insulinothérapie n’intervenant que si les objectifs glycémiques n’étaient pas atteints après mise en place des mesures hygiénodiététiques.
Seul élément discriminant, l’IMC prégestationnel
« La comparaison des deux groupes montre que les femmes ayant un DG précoce ne sont pas plus âgées ni plus souvent multipares que celles ayant un DG tardif. Le seul élément discriminant dans notre série est l’IMC prégestationnel », explique la diabétologue. Les DG précoces ont un IMC moyen significativement plus important. Il est de 29, contre 27 kg/m2 pour les DG tardifs (p < 0,001). Et 72 % des DG précoces sont en surpoids, contre 64 % des DG tardifs. On a par contre moins d’antécédents familiaux de diabète, mais plus d’antécédents de DG dans le groupe des DG précoces. Il n’y a aucune différence quant aux antécédents de macrosomie fœtale. Et, côté métabolique, les DG précoces ont une HbA1c plutôt plus basse que les DG tardifs. Enfin, il ne semble pas que les DG précoces aient plus souvent de multiples facteurs de risque.
« Cette analyse montre que le surpoids est de loin le plus important des facteurs de risque de présenter un DG précoce, commente la Pr Vambergue. Dans notre série, 40 % des femmes à DG précoce ont été mises sous insuline, contre 22 % de celles à DG tardif. Deux fois plus, alors qu’aucune étude prospective n’a jamais testé son bénéfice sur cette population. »
Mieux stratifier le risque
La comparaison du pronostic materno-fœtal est focalisée ici sur la seule macrosomie. Dystocie des épaules, prééclampsie, prématurité, nécessité de transfert en néonatalogie et césarienne ont néanmoins été analysées. Résultat, on n’observe pas de différence quant à la macrosomie, mais on a moins de dystocies des épaules dans les DG précoces, ce qui est important d’un point de vue obstétrical.
« Ce travail met en évidence que la moitié des DG pris en charge dans notre service sont précoces. Malgré un dépistage ciblé du DG précoce sur les femmes ayant des facteurs de risque, manifestement certains sont de peu de poids. Un score de facteurs de risque serait donc très utile pour mieux stratifier le risque. Et l’HbA1c n’est pas discriminante, puisqu’elle est plutôt plus basse dans les DG précoces. Ajouter à la glycémie à jeun un dosage d’HbA1c n’est donc pas justifié. Enfin, 40 % des femmes à DG précoce de notre série ont été mises sous insulinothérapie. Or on ne connaît pas le bénéfice de l’insulinothérapie dans cette population, rappelle la Pr Vambergue. Quant à l’impact du moment du diagnostic de DG sur la macrosomie, il n’est pas significatif. Ce qui pose la question du dépistage et de la prise en charge précoce de ces femmes, avant qu’elles ne développent, pour moitié d’entre elles, un DG tardif. ».
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