Le squelette des astronautes récupère mal de l'apesanteur

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Publié le 01/07/2022
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Crédit photo : Phanie

Mauvaise nouvelle pour ceux qui rêvent de virées extra-atmosphériques : les astronautes récupèrent mal de la perte osseuse subie durant leur séjour en apesanteur, même un an après leur retour sur Terre, selon une étude publiée ce 30 juin dans la revue « Scientific Reports ».

L'atrophie des os provoquée par l'absence de gravité, semblable à l'ostéoporose, est étudiée de longue date à bord des stations spatiales. Mais le temps de la récupération après leur retour au sol reste une inconnue.

17 astronautes de l'ISS

Grâce à de nouvelles techniques d'imagerie en 3D, une étude menée sur 17 astronautes de la station spatiale internationale (ISS), montre que la récupération reste incomplète, même au bout d'un an.

Les travaux ont démarré en 2015 à l'initiative de Steven Boyd, directeur de l'Institut McCaig pour la santé des os de l'Université de Calgary au Canada. Avec ses collègues, ils ont imagé les squelettes de 14 hommes et trois femmes avant leur vol spatial, à leur retour sur Terre, puis six mois et encore 12 mois après leur atterrissage.

Ils ont notamment effectué des scintigraphies osseuses du tibia (qui supporte la quasi-totalité du poids du corps) et du radius (avant-bras) pour évaluer leur densité et leur résistance à la fracture. Tout en calculant les effets des exercices physiques pratiqués en apesanteur et au retour sur Terre.

Densité et architecture osseuse altérées

Résultat : un an après le vol, 16 astronautes montraient une résorption incomplète du tibia, qui avait perdu jusqu'à 2 % de sa densité osseuse par rapport à la période d'avant-vol. Plus le séjour en orbite avait été long (de 6 à 7 mois), plus le système osseux était endommagé. Après 12 mois, neuf des astronautes n'avaient pas complètement récupéré. Des dégâts comparables à une décennie de perte osseuse sur Terre, voire plus.

« Nous montrons en outre que l'architecture osseuse est durablement altérée », explique le Dr Steven Boyd, co-auteur de l'étude. « Pensez à la tour Eiffel et à toutes ses tiges métalliques : dans l'espace, nous perdons certaines de ses tiges. À notre retour sur Terre, nous pouvons réparer celles qui restent mais nous ne créons pas de nouvelles connections », poursuit le chercheur.

La microgravité en cause

« La microgravité [l'apesanteur], c'est l'inactivité physique la plus drastique qui soit », commente Guillemette Gauquelin-Koch, responsable de la médecine spatiale au Centre national d'études spatiales (CNES). « Même avec deux heures de sport par jour, c'est comme si vous étiez alités les 22 heures restantes », ajoute la médecin, qui n'a pas pris part à l'étude.

Les habitants de l'ISS disposent depuis quelques années d'une nouvelle machine mise au point par la Nasa, Ared (Advanced Resistive Exercise Device), qui exerce sur le corps une résistance similaire à la gravité, permettant flexions de jambes, travail des biceps, abdominaux… « Il faudrait faire plus d'exercices de ce type pour atténuer la perte osseuse », préconise Steven Boyd.

Pour les éventuels vols habités vers Mars - bien supérieurs à six mois - c'est en tout cas un obstacle, qui s'ajoute aux problèmes des radiations cosmiques et de l'impact psychologique d'un long confinement. « Ce ne sera pas évident pour l'équipage de poser les pieds sur sol martien en arrivant… c'est très invalidant », selon la Dr Gauquelin-Koch.

C.G. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr