Le feuilleton suit son cours. Une analyse publiée dans les « Annals of Internal Medicine » revient sur les résultats contradictoires de deux études précédentes quant aux bénéfices du dosage du PSA sur la mortalité par cancer de la prostate. Une étude européenne, ERSPC (European randomized study of screening for prostate cancer), avait montré une baisse de la mortalité, grâce au dépistage, d’environ 20 % ; tandis qu’une étude américaine, PLCO (Prostate, lung, colorectal and ovarian cancer screening trial) ne montrait aucun bénéfice au dépistage.
L’analyse publiée ici compare leurs résultats et cherche à comprendre pourquoi ils sont si différents, alors que les populations et les méthodes de dépistage étaient similaires. Cela s’explique par le fait que les hommes du groupe dépistage n’ont pas tous réalisé leurs dosages de PSA, alors que les hommes du groupe contrôle avaient pour certains fait réaliser des dosages.
Résultats biaisés
« Depuis le début, nous avons dit que PLCO n’était pas une bonne étude car trop d’hommes avaient eu un dosage de PSA dans le groupe placebo, analyse le Pr Alexandre de la Taille, urologue à Henri-Mondor, à Créteil, et membre de l’AFU (Association française d’urologie). Du coup, le groupe placebo a eu une évolution très proche du groupe avec dépistage, et cette étude, contaminée, ne permettait pas de conclure si le dépistage apportait ou non quelque chose. En revanche, l’ERSPC a bien montré la différence entre les deux groupes, et continue de le faire puisque des updates sont publiées régulièrement. »
En prenant en compte le taux de dosages effectivement réalisés, l’analyse conclut que le dépistage réduit le risque de mortalité par cancer de la prostate de 25 à 32 %.
« Actuellement, les recommandations nationales, en France, sont de ne pas faire de dosage du PSA », rappelle le Pr de la Taille. « Nous espérons revenir à un intermédiaire, avec dosage du PSA en cas d’antécédents familiaux, ou chez les patients d’origine afro-antillaise, quand l’espérance de vie est longue. Car, dans nos pratiques, nous revoyons actuellement arriver des patients avec des stades avancés, ce qui n’était plus le cas. »
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