Les résultats de la France en matière de prélèvements et greffes d'organes, ou de dons de gamètes progressent, mais l'écart par rapport aux objectifs de 2021 - fixés en 2017 -, reste conséquent, démontre le rapport annuel 2017 de l'Agence de la biomédecine (ABM), publié ce 19 septembre.
Le rapport atteste d'abord des évolutions engendrées par l'entrée en vigueur des nouvelles modalités d'expression du refus de prélèvement d'organes et de tissus au 1er janvier 2017. L'ABM, qui gère le registre national des refus, devenu principal moyen d'expression d'une opposition à un prélèvement post-mortem, a lancé le 23 janvier 2017 un site pour simplifier les démarches d'inscription. Anne Courrèges, directrice de l'ABM, constate « une très forte augmentation des demandes, supérieure au volume des vingt années précédentes », et se félicite d'une meilleure connaissance de la loi. Fin 2017, près de 300 000 personnes étaient inscrites au RNR. Le taux d'opposition est de 30,5 % vs 33 % en 2016. L'objectif est de passer sous la barre des 25 % d'ici 2021.
6 000 greffes d'organes, près de 24 000 patients sur liste d'attente
Comme en juin, l'ABM tire un satisfecit des chiffres relatifs à la greffe d'organes et de tissus. En 2017, il y a eu 6 105 greffes d'organe, soit une augmentation de 3,5 % par rapport à 2016. Parmi elles, 629 greffes de rein et de foie proviennent de donneurs vivants, et 1 796 donneurs étaient en état de mort encéphalique.
Des chiffres encore loin des objectifs inscrits dans le plan d'actions ministériel pour 2017-2021 : 7 800 greffes d'organes par an - ce qui suppose une augmentation annuelle du prélèvement de 7 % - dont 6 800 à partir de donneurs décédés et 1 000 à partir de donneurs vivants.
En outre, 23 828 patients étaient inscrits sur la liste d'attente en 2017, un chiffre qui ne cesse de croître.
Maastricht 3, machines à perfusion, greffes haplo-identiques
L'ABM met en avant plusieurs innovations, comme le développement des prélèvements dans le cadre du protocole Maastricht 3, qui a permis une augmentation des greffes de 105 % entre 2016 et 2017 (de 114 à 234 greffes, à partir de 99 prélèvements en 2017). L'objectif de 2021 est d'atteindre la cible des 400 greffes par an. Autres innovations citées : l'évolution du score rein en 2017 pour une meilleure répartition des greffons, une réflexion sur le score cœur en vie de sa mise en œuvre en 2018, ou encore l'arrivée des machines à perfusion pour les poumons et la recherche sur les machines de perfusion hépatique.
En matière de cellules souches hématopoïétiques, l'espoir se porte vers les greffes haplo-identiques pour des patients qui n'ont pas de donneur compatible sur les registres français et internationaux et dont un apparenté serait à moitié compatible. En 2016, il y a eu 1958 allogreffes de CSH dont 1 060 non-apparentées, 582 apparentées HLA identique et 316 apparentées haplo-identiques. Ces dernières sont encore exceptionnelles en pédiatrie, mais au regard des bons résultats chez les adultes, elles devraient se développer, estime le Pr Jean-Hugues Dalle, responsable du programme de greffe à l'hôpital Robert Debré de Paris.
Par ailleurs, en 2017, 278 125 personnes étaient inscrites sur le registre français des donneurs de moelle osseuse (+ 20 866 nouveaux donneurs), tandis que l'objectif pour 2021 est de 310 000 inscrits. Les chiffres de 2018 devraient eux, tenir compte de l'élargissement du don de moelle osseuse aux hommes ayant des relations avec les hommes, entré en vigueur en 2018.
Quelque 31,2 millions de donneurs sont inscrits sur les 74 registres internationaux.
Une autosuffisance en gamètes encore lointaine
La France peine à atteindre les seuils permettant l'autosuffisance en matière de dons de gamètes. Pour prendre en charge l'intégralité des couples infertiles (3 500 par an), il faudrait 1 400 dons d'ovocytes et 300 dons de spermatozoïdes. L'ABM recense 363 nouveaux donneurs de spermatozoïdes en 2016 et 746 nouvelles donneuses d'ovocytes. Près de 26 000 enfants sont nés grâce à une AMP et 6 573 patients ont bénéficié d'une préservation de la fertilité. L'ABM mise sur les campagnes de communication pour toujours mieux sensibiliser au don.
Enfin, le rapport présente les chiffres relatifs au diagnostic prénatal (33 154 femmes ont vu leur dossier analysé dans un des 48 centres pluridisciplinaires en 2016), diagnostic préimplantatoire (avec l'ouverture fin 2017 d'un cinquième centre, à Grenoble, et la naissance de 199 enfants en 2017 nés après un DPI), à la génétique postnatale, ainsi qu'à la recherche sur les cellules souches embryons (42 projets de recherche soutenus financièrement, 5 autorisations délivrées par l'ABM en 2017).
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