Grâce à une technologie de microscopie innovante, l’imagerie intravitale, des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’INSERM (unité Dynamique des réponses immunes) apportent la preuve par la vidéo qu’un candidat vaccin est potentiellement plus performant si son mode d’action passe par l’activation de l’inflammasome.
Outre la mise en évidence inédite de ce mécanisme dans la réponse immunitaire, l’intérêt des résultats publiés dans « Nature Medicine » ne se limite pas là. L’équipe dirigée par Philippe Bousso en a fait la démonstration avec un candidat vaccin anti-VIH, développé par l’Institut de Recherche vaccinale et l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), faisant ainsi d’une pierre deux coups. Ce vaccin recombinant VIH appelé MVA-HIV (Modified Virus Ankara) entraîne une réponse immune puissante et diversifiée, via l’inflammasome, ce qui est très encourageant pour la suite à en espérer chez l’homme.
Filmer le vivant au cœur de la cellule
Pour arriver à ces résultats, le moyen n’est pas un point de détail. L’équipe de Philippe Bousso a utilisé une imagerie d’exception. « L’imagerie intravitale, c’est une spécialité de notre laboratoire, explique Philippe Bousso. Cette technique très puissante, dite laser 2 photons qui couple le laser au microscope, coûteuse et peu diffusée, fait référence. Elle permet deux choses : la première de travailler in vivo, donc chez un animal vivant juste sédaté, parfois avec une petite incision de la peau pour mieux visualiser, et la deuxième de visualiser de façon dynamique en temps réel, avec la possibilité de filmer. » Le laser 2 photons permet de pénétrer les tissus, jusqu’au niveau cellulaire, sans être limité par la profondeur ni la surface.
Jusqu’à présent, le mode d’action des vaccins n’était pas très bien connu. Cette technique de microscopie permet une approche plus rationnelle. « Cette imagerie permet de filmer la réaction telle qu’elle se déroule, commente Philippe Bousso. Avec des cellules qui se déplacent, des amas de protéines qui se forment, des cellules qui meurent. »
L’inflammasome, un nouvel objectif vaccinal
Après avoir injecté le vaccin à la souris, l’équipe de l’Institut Pasteur a observé la réaction dans le ganglion lymphatique le plus proche, en zoomant de plus en plus. « Les premières cellules à réagir dans la réponse vaccinale dans le ganglion, ce sont les macrophages à la surface du ganglion, dits sous-capsulaires, explique le scientifique. Notre technique a mis en évidence qu’il se formait à l’intérieur de ces macrophages, des inflammasomes. Les vidéos le montrent très bien, ce sont les points verts encerclés. » Les inflammasomes sont constitués de complexes protéiques en amas (ou « specks »). La formation de l’inflammasome entraîne la mort des macrophages et la libération de ces « specks », qui envoient des signaux via l’interleukine 1 pour recruter d’autres cellules immunitaires, en particulier des cellules T.
L’inflammasome fait recruter davantage de cellules immunitaires. « C’est un gage d’efficacité vaccinale, conclut-il. Ces résultats laissent penser qu’il faudrait viser ce type de mécanisme pour maximiser la réponse immunitaire. Tous les vaccins n’entraînent pas la formation d’inflammasomes. Ce vaccin anti-VIH le fait, c’est très encourageant pour l’avenir. »
Voir plus de vidéos de l’équipe de Philippe Bousso
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