État végétatif ou état de conscience minimale ? Il n’est pas toujours aisé de faire la différence. Des techniques efficaces existent (électroencéphalogramme - EEG -, IRM fonctionnelle, PET scan…), mais elles ciblent l’activité cérébrale et ne sont pas toujours faciles d’accès et d’utilisation.
Une équipe de l’INSERM, basée à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), a présenté dans les « Annals of Neurology » une méthode plus facile d’utilisation. Il s’agit de mesurer le rythme cardiaque en réaction à un stimulus sonore – ce qui donne de nouvelles indications sur l’état de conscience. Le Dr Jacobo Sitt, chercheur à l’INSERM et auteur principal de l’étude, précise au « Quotidien » les résultats obtenus.
« S’il est facile, à propos de nombreux patients sortant du coma après un traumatisme, de savoir s’ils sont conscients ou non, ce n’est pas le cas pour tous : parfois, rien dans leur comportement ne permet de dire s’ils sont conscients, souligne le Dr Sitt. Les techniques développées ces 20 dernières années (EEG, etc.) pour déterminer l’état de conscience se sont focalisées sur la mesure de l’activité du cerveau. Mais nous voulions regarder autre chose. »
Car l’activité consciente contrôle beaucoup de choses dans l’organisme : la respiration, le rythme cardiaque, les constantes métaboliques… « Si nous sommes dans une situation inhabituelle, que nous percevons quelque chose d’inhabituel, le cœur bat plus vite », résume le Dr Sitt. D’où l’idée de faire entendre à des patients en état végétatif (EV) ou en état de conscience minimale (ECM) des séquences sonores d’abord répétitives, puis présentant des variations rares et aléatoires et de mesurer leur rythme cardiaque. Plus leur état de conscience est élevé, plus leur rythme cardiaque se trouvera modifié à l’écoute de la modification dans la séquence sonore.
Combiner les différentes méthodes
Les chercheurs ont réalisé leur étude sur une cohorte de 127 patients, admis à la Pitié-Salpêtrière entre février 2008 et avril 2015 pour une évaluation de l’état de la conscience. Parmi ces 127 patients, 70 étaient en EV et 57 en ECM. En faisant écouter aux patients les séquences sonores et leurs variations, les chercheurs ont constaté que le rythme cardiaque était modifié par les variations dans la stimulation sonore uniquement chez les patients en ECM.
Ces résultats sont complémentaires de ceux obtenus par l’EEG : la combinaison des deux tests permet d’améliorer la classification des patients et de mieux connaître leur état de conscience que l’EEG seul. « Ces tests fonctionnent de manière probabiliste : en combinant les probabilités obtenues par les différents tests, on parvient à une meilleure classification », indique le Dr Sitt. Cette méthode présente d’autres avantages : « Mesurer le rythme cardiaque est très simple et on peut le faire dans n’importe quel hôpital alors que les autres techniques sont parfois plus difficiles d’utilisation, ajoute le chercheur. Par ailleurs, il est important de comprendre les relations entre cœur et conscience et cette étude permet d’obtenir de nouvelles informations à partir de l’observation cardiaque sur la façon dont cœur et cerveau interagissent. »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation