Les sociétés des journalistes de « Médiapart » et du « Figaro » feraient l'objet de pression de la part de l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM), qui leur reproche leur travail dans la couverture des conséquences de l'essai clinique Biotrial, mené au centre de recherche privé Biotrial pour le compte de la société Bial. Un des patients de l'essai était décédé suite à la prise de l'antalgique Bial 10-2474, un inhibiteur expérimental du système enzymatique FAAH, et 4 autres avaient été hospitalisés.
Dans un communiqué diffusé sur le Blog Médiapart, les journalistes des deux médias affirment avoir reçu, le 28 octobre dernier, un courrier de Dominique Martin, directeur général de l’ANSM, leur demandant « de bien vouloir cesser de citer nommément les agents de l’ANSM » dans leurs articles concernant cette affaire, et exigeant le retrait des noms figurant dans les précédents articles mis en ligne depuis janvier dernier.
Dominique Martin n'est pas le seul à s'être manifesté auprès des deux journaux. Farida Ouadi, une des évaluatrices de l'agence, leur aurait fait envoyer, par l'intermédiaire de ses avocats, une mise en demeure dans laquelle elle exige qu'on cesse de divulguer son identité.
L'affaire des SMS
Ces réactions font suite à une enquête menée en avril dernier par les deux médias, mettant en cause les conditions dans lesquelles l'ANSM a autorisé l'essai Biotrial. Farida Ouadi a récemment été citée par le « Figaro » dans un article dévoilant ses échanges de SMS, suite à la saisie de son portable dans le cadre de la perquisition menée au siège de l'agence.
Ses messages révèlent que Dominique Masset, directeur de l'évaluation qualité pharmaceutique, sécurité virale et non-clinique à l'ANSM, aurait assisté aux réunions qui se sont tenues à l'agence les 15 février et 24 mars 2016, alors qu'il s'agissait d'un comité scientifique spécialisé temporaire, normalement composé d'experts externes et indépendants. Il aurait échangé de nombreux messages avec Farida Ouadi au cours de ces réunions.
« Ni Dominique Martin ni les avocats de Madame Ouadi ne s’appuient sur le moindre fondement juridique, qui imposerait de respecter l’anonymat des agents de la fonction publique et qui justifierait leurs demandes, affirment les sociétés des journalistes du « Figaro » et de « Médiapart ». Monsieur Martin, qui fut membre du cabinet de Bernard Kouchner, ministre de la Santé (2001-2002), et Madame Ouadi, salariée de l’ANSM, travaillent tous deux dans une agence nationale, qui, à ce titre, a des comptes à rendre aux citoyens. »
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