Depuis les grandes épidémies de peste du Moyen-Âge, jusqu’à nos épidémies de grippe ou de SRAS, la mise en œuvre de mesures d’isolement et de confinement est toujours apparue comme la stratégie la plus efficace. Une étude suisse semble pourtant montrer que limiter les déplacements et les interactions sociales lors d’une épidémie aurait en fait un impact négatif sur la capacité d’une société à retrouver son fonctionnement normal par la suite. Les résultats de l’équipe de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) sont parus dans « Scientific Reports ».
Ces résultats tout à fait contre-intuitifs ne sont pas les premiers du genre, rappelle l’EPFL. Une étude parue en décembre 2017 dans « Nature Physics » était parvenue aux mêmes résultats, par d’autres modèles mathématiques, et deux autres, plus anciennes, avaient même montré que la fermeture des frontières face à Ebola (« Eurosurveillance », en 2014) ou à la grippe (« Nature », en 2006) n’avait fait que de retarder le pic épidémique de quelques semaines et n’avait pas été́ déterminante dans la réduction du nombre de personnes infectées.
Des coûts pour la société en cas de rupture de la mobilité et des services
Les auteurs soulignent qu’évaluer l’impact de la maladie seulement en termes de risque individuel n’est pas suffisant et qu’il faut aussi prendre en compte les conséquences économiques, avec les interruptions de services et d’infrastructures. Le but ? Évaluer la résilience de la société touchée, sa capacité à retrouver son fonctionnement d’avant l’épidémie.
Dans leur modèle mathématique, ils ont donc pris en compte à la fois les risques individuels et les conséquences générales sur la société, ce qui fournit une approche plus nuancée. « Empêcher les gens de voyager et les encourager à réduire leurs interactions sociales peut réduire le risque des individus de contracter la maladie mais dégrade progressivement la mobilité de la population et réduit la capacité de la société à fonctionner, ce qui rend le système moins résilient », écrivent les auteurs qui notent par exemple que les interdictions de voyager ont un fort impact sur l’économie et affectent la mise à disposition de certains services, et le déploiement de personnel spécialisé pour prendre en charge l’épidémie.
« Les autorités doivent comprendre ce qu’elles risquent en termes de résilience du système en lançant des campagnes alarmistes dans les médias. Elles doivent donc connaître avant toute chose la gravité de la maladie avant de diffuser des messages invitant les gens à limiter leurs déplacements ou à changer leurs habitudes », explique Emanuele Massaro, premier auteur de l’étude.
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