Première cause d’invalidité en France, deuxième cause d’arrêt de travail, la maladie mentale mérite qu’on s’y intéresse sérieusement. C’est donc à l’occasion de la sortie de l’étude ROAMER que la Fondation FondaMental a organisé un colloque pour détailler les recommandations et les données issues de cette étude.
Trop peu de publications, des financements pas assez diversifiés
Le Pr Karine Chevreul, de l’unité de recherche clinique en économie de la santé (URC-Eco) de l’APHP a commenté quelques résultats. Tout d’abord, le niveau en France est élevé en terme de facteurs d’impact. Mais les publications ne sont pas assez nombreuses, et même dans la recherche biomédicale, son domaine préférentiel, la France arrive au 17e rang européen. Par ailleurs, le mode de financement provenant essentiellement des firmes pharmaceutiques, des pans entiers de la recherche n’existent pas. Il en est ainsi de l’aspect psychosocial, de la santé publique, ou du bien-être des patients.
Manque d’universitaires, manque d’attractivité
Trop peu de moyens humains, déplore le Pr Marie-Odile Krebs, directrice d’une équipe de recherche INSERM sur la physiopathologie des maladies psychiatriques à l’hôpital Sainte Anne (Paris). Le constat est sans appel : trop peu d’universitaires, mauvaise formation des généralistes et peu d’intérêt pour les internes, les meilleurs choisissant des disciplines où ils pourront plus facilement bénéficier d’un exercice hospitalo-universitaire. Pour un PU-PH en psychiatrie, on compte 15 internes contre 4 pour un PU-PH en neurologie. De même, les jeunes chercheurs en neurosciences se tournent davantage vers la neurologie. De l’avis du Pr Krebs, il conviendrait de mieux articuler les centres universitaires, les centres de recherche et les centres de psychiatrie de première ligne, de mieux intégrer les problématiques des secteurs dans des sujets de recherche.
Améliorer les conditions de la recherche
Comment relancer la recherche, s’interroge le Pr Marion Leboyer qui dirige la fondation FondaMental et se bat pour donner de la visibilité aux avancées scientifiques et transmettre aux décideurs quelques chiffres clés. Il faut une impulsion politique décisive. En 2013, le ministère de la Santé a fait de la santé mentale une des 5 priorités de santé publique. Mais les moyens dédiés à la recherche n’ont pas suivi. D’autres pays ont pris un autre chemin. C’est le cas de l’Espagne dont le réseau CIBERSAM, semblable à FondaMental voit son financement reconduit annuellement sur la base de ses résultats scientifiques. Le résultat ne s’est pas fait attendre, il est à la pointe de certaines innovations thérapeutiques déjà utilisées pour les patients.
Lorsqu’on connaît le coût, direct et indirect, pour la société, des maladies mentales, estimé à 107 milliards d’euros, on comprend l’urgence. Seulement 2 à 4 % du budget de la recherche sont consacrés à la santé mentale, contre 16 % aux États-Unis. Faire des appels à des projets dédiés, pérenniser les réseaux existants et les évaluer, créer des bourses pour des jeunes chercheurs, financer des biobanques pour que des échantillons biologiques puissent être testés dans différents programmes de recherche, telles sont quelques pistes ouvertes par le Pr Leboyer qui en appelle au courage politique.
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