« La force des registres académiques est de pouvoir analyser de façon indépendante l’efficacité et la tolérance des traitements » indique en préambule le Pr Gottenberg.
L’analyse récente apporte des données rassurantes sur la tolérance à long terme (risque d’infections sévères, de cancers et de décès), avec des incidences de ces événements indésirables comparables à celles observées avec d'autres biomédicaments comme les anti-TNF.
Des groupes de patients souvent exclus d’essais randomisés ont pu être analysés, comme le groupe de patients traités en monothérapie par méthotrexate et le groupe de patients avec antécédent de cancer (270 patients dans AIR, 55 dans ORA). Il a également été possible d'analyser le groupe de patients ayant de très nombreux cycles de rituximab (5 à 9 cycles pour 550 patients du registre AIR, 153 patients > 10 cycles) La tolérance de ces patients est similaire à celle de patients peu ou pas re-traités. Des résultats que le Pr Gottenberg invite à pondérer : « ceux qui ont plusieurs cycles de rituximab sont par définition ceux qui tolèrent le rituximab: c'est le phénomène de déplétion des susceptibles ».
Données d’efficacité
Instructive, l’analyse des registres met en évidence une diminution de la corticothérapie chez les patients qui répondent aux biomédicaments. Dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), elle pointe des facteurs prédictifs simples pour guider le choix du traitement « une donnée intéressante vu l’élargissement de l’arsenal thérapeutique » note le Pr Gottenberg. Une analyse des registres européens dont le registre français ORA (plus de 3 000 patients) a en effet montré que certains sous-groupes de patients avec auto-anticorps (facteur rhumatoïde, anti-CCP) répondent mieux à l’abatacept.
"Nous avons même commencé à comparer l'efficacité des biomédicaments des 3 registres et montré les premiers résultats de cette analyse aux congrès américains et français de rhumatologique de 2016" indique le Pr Gottenberg
Les registres dynamisent la recherche
Les registres aident à résoudre des problématiques non abordées dans les essais cliniques (tolérance et efficacité des biomédicaments chez le sujet âgé), ou imposant des milliers de malades. « En 2017, l’analyse (1) de 11 registres européens dont les registres français avec de 130 000 patients traités par anti-TNF, a démontré l’absence de sur-risque de mélanome, par rapport aux patients ayant du méthotrexate ou des biomédicaments non anti-TNF", souligne le Pr Gotttenberg. Continuer à plus long terme l’analyse de ces registres et développer des registres pour les nouveaux traitements (inhibiteurs des JAK-STAT kinases, etc.) est crucial ». Un nouveau registre SFR (ART, déjà plus de 100 malades inclus) avec la même méthodologie analysera entre 2016 et 2022 la tolérance et l’efficacité des anti-TNF α et de leurs biosimilaires dans la PR. "Les registres de la SFR ont déjà permis plus d'une vingtaine de publications dans les revues internationales de rhumatologie, grâce aux efforts de toute la communauté rhumatologique !" ajoute le Pr Gottenberg.
Enfin, les fiches d’utilisation pratiques du Club Rhumatisme et Inflammation (CRI), disponibles sur www.cri-net.com incluent une fiche pratique sur les analyses issues de registres ("ce que les registres nous apprennent") : efficacité, tolérance, précisions sur les données de tolérance après chirurgie , etc.
D’après un entretien avec le Pr Jacques-Éric Gottenberg, CHU de Strasbourg
(1) Mercer LK. et al., Ann Rheum Dis, 2017; 76:386-391
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation