Alors que le déconfinement est conditionné à une stratégie de dépistage, mais aussi de recherche et de suivi des cas contacts, une nouvelle étude chinoise apporte un éclairage sur les chaînes de transmission et la contagiosité du SARS-CoV-2.
Publiés dans « Nature Medicine », ces travaux suggèrent une contagiosité avant l’apparition des symptômes et, en conséquence, la nécessité d’une recherche des contacts croisés avant les premiers signes de la maladie.
Un intervalle en série à 5,8 jours en moyenne
Les chercheurs se sont appuyés sur les données 94 patients Covid +, confirmés en laboratoire, admis à l’hôpital de Guangzhou (Canton), dont la moitié était des hommes, d’un âge médian de 47 ans, avec, pour une majorité (66 %), des symptômes modérés (fièvre et/ou symptômes respiratoires et signes radiographiques de pneumonie).
Plus de 400 prélèvements de gorge ont été réalisés chez ces patients, du début des symptômes jusqu'à 32 jours après leur apparition. Les charges virales observées étaient élevées peu de temps après l'apparition des symptômes, et ont ensuite progressivement diminué jusqu’au 21e jour.
Ils ont ensuite croisé ces données avec celles sur la période d’incubation du virus et la dynamique des chaînes de transmission issues de 77 paires de transmission (infecteur-infecté). L’intervalle en série (durée entre l'apparition des symptômes de cas successifs dans une chaîne de transmission) a ainsi été établi à 5,8 jours en moyenne, avec une médiane à 5,2 jours.
Une infectiosité de 0,8 à 3 jours avant l'apparition des symptômes
Les chercheurs en ont déduit que l'infectiosité a commencé à 2,3 jours (de 0,8 à 3 jours) avant le début des symptômes et a culminé à 0,7 jour avant leur apparition. Selon eux, la proportion estimée de transmission présymptomatique était de 44 % (de 25 à 69 %). Le potentiel de transmission du SARS-CoV-2 avant l'apparition des symptômes se révèle donc élevé.
En croisant leurs résultats avec ceux d’une autre étude menée à Wuhan, les auteurs établissent la durée de détection du virus à une valeur médiane de 20 jours (jusqu'à 37 jours chez les survivants) après l'apparition des symptômes, mais, notent-ils, « l'infectiosité peut diminuer de manière significative 8 jours après l'apparition des symptômes, car le virus vivant ne peut plus être cultivé ».
Selon eux, « le profil d'infectiosité pourrait ressembler davantage à celui de la grippe qu'au SRAS, bien que nous ne disposions pas de données sur l'excrétion virale avant l'apparition des symptômes ». Ils concluent ainsi que la recherche de contacts doit prendre en compte « d’urgence » des « critères plus inclusifs (…) afin de saisir les événements de transmission potentiels 2 à 3 jours avant l'apparition des symptômes ». Le contrôle efficace de l'épidémie en dépend, en complément des mesures de confinement et de distanciation sociale.
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