Une étude réalisée par une équipe INSERM, et parue dans le « Journal of Experimental Médecine » montre que les hormones sexuelles mâles, en agissant sur le système immunitaire, protègent de l’inflammation de type allergique. Explications du Dr Jean-Charles Guéry, chercheur au centre de physiopathologie de Toulouse Purpan.
« Quand on regarde les courbes d’incidence de l’asthme allergique selon l’âge et le sexe, on réalise qu’avant dix ans, la maladie allergique touche davantage les garçons que les filles mais que cette tendance s’inverse à la puberté », présente-t-il. « Cela fait penser à un impact hormonal protecteur chez les garçons. »
Effet protecteur des hormones mâles sur les cellules immunitaires
En partant de cette observation épidémiologique, les chercheurs ont voulu comprendre quels facteurs étaient impliqués.
Ils se sont intéressés à une population particulière de cellules immunitaires, les cellules lymphoïdes innées de type 2 (ou ILC 2), décrites il y a environ cinq ans. Celles-ci sont activées par les alarmines, des molécules d’alerte relarguées par les cellules épithéliales pulmonaires quand celles-ci sont dégradées par les enzymes des acariens. Or, les ILC2 sécrètent des cytokines Th2, qui participent à la réaction inflammatoire dans les bronches lors de la crise asthmatique.
Des chercheurs australiens avaient observé que les ILC2 étaient davantage présentes chez les souris femelles que chez les mâles. Ils ont fait appel à l’équipe INSERM du Dr Guéry, qui travaille sur l’influence hormonale sur l’immunité, pour expliciter cette observation.
« Nous avons confirmé qu’il y avait un plus grand nombre d’ILC2 dans les tissus pulmonaires de souris femelles, par rapport aux mâles, et montré dans un modèle d’asthme induit par les acariens, que la maladie était plus sévère chez les femelles que chez les mâles. Nous avons ensuite réalisé des expériences de castration chez les mâles, et d’ovariectomie chez les femelles » explique le Dr Guéry. « La différence en ILC2 était abolie chez les mâles castrés, mais pas chez les femelles, ce qui montrait le rôle possible des androgènes dans le contrôle de cette population de cellules immunitaires chez les mâles. »
Les chercheurs ont aussi montré in vitro que la testostérone inhibait le développement des ILC2, alors que les anti-androgènes avaient l’effet inverse. « À l’aide de souris génétiquement modifiées, nous avons mis en évidence que l’expression du récepteur aux androgènes était nécessaire pour rendre compte de la différence liée au sexe dans la réponse inflammatoire induite par les ILC2 in vivo », indique le Dr Guéry.
Cette étude démontre que les androgènes jouent un rôle protecteur dans l’inflammation pulmonaire en régulant négativement les ILC2, limitant leur nombre dans le tissu pulmonaire. Le récepteur aux androgènes pourrait donc constituer une cible thérapeutique, pour inhiber l’action des ILC2 chez les patients asthmatiques.
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