Les Jeux Olympiques de Rio font-ils courir le risque d’une catastrophe sanitaire internationale majeure, avec les 500 000 touristes étrangers venus de tous les continents dans le pays le plus contaminé du monde par le virus Zika ? C’est la crainte d’un tel scénario qui a conduit 150 experts scientifiques à envoyer une lettre ouverte à la directrice générale de l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
Ils demandent au Dr Margaret Chan de faire annuler ou délocaliser l’événement pour cause d’« urgence de santé publique internationale ». Le Brésil compte 120 000 cas probables de contaminations, 1 300 cas confirmés de microcéphalie et 3 300 en cours d’investigation, tandis que les cas de dengue y ont crû de 320 % de janvier à avril dernier, rappellent les signataires, des professeurs de médecine et bioéthiciens en majorité américains, mais aussi brésiliens, indonésiens indiens, australiens, russes, britanniques et hongrois.
« On fait courir un risque inutile, argumentent-ils, avec des spectateurs qui risquent de contaminer à leur retour les populations des pays pauvres d’Asie du Sud ou d’Afrique, encore épargnés et les conséquences pourraient être dramatiques. »
Les recommandations de l'OMS
Dès réception de l’appel, l’OMS a réagi. L’organisation, qui a créé en 2015 un groupe de travail Rio 2016, collabore avec le ministère de la santé brésilien et le CIO pour édicter des recommandations. Elles ont été renouvelées ce lundi et s’adressent d’abord aux femmes enceintes qui doivent éviter de se rendre à Rio.
« Se protéger des piqûres, avoir des pratiques sexuelles à moindre risque, choisir un hébergement climatisé, éviter les quartiers surpeuplés », telles sont les principales mesures préconisées pour les athlètes et les visiteurs. Le CDC (centre de contrôle et de prévention) d’Atlanta note de son côté que le nombre de personnes dans le monde qui doivent se rendre à Rio cet été représente « moins de 0,25 % » de tous les voyages dans les pays d’Amérique du Sud affectés par le virus, alors que le mois d’août, souligne-t-on à l’OMS, en plein hiver austral, est celui où il y a le moins de moustiques Aedes Aegeypti, vecteurs du virus.
Tests de dépistage et virucides
Pour autant, « le bien-fondé scientifique de cet appel doit être étudié de près, estime le Dr Patrick Schamasch, ex-directeur médical du CIO et directeur médical de plusieurs fédérations internationales. Dès cette semaine la commission exécutive des Jeux va aborder le sujet Zika et probablement demander que des tests de dépistages soient mis à disposition des athlètes dans les hôpitaux de référence cariocas ; à défaut, ils pourraient être pratiqués au retour. D’autres recommandations seront sans doute prises pour rassurer les participants, alors que nous observons actuellement quelques défections face à un risque qui existe mais qu’il ne faut pas exagérer. »
Le comité australien a décidé de distribuer des préservatifs, le comité des États-Unis a délocalisé son programme d’entraînement d’abord fixé au Salvador et en France. « Le comité national olympique français va statuer en fonction des recommandations de l’OMS et des CDC, annonce le Pr Alain Calmat, président du comité médical ; nous allons sans doute envisager la distribution de crèmes virucides. Tout sera cadré de manière scientifiquement validée, sans faire de surenchère avec le principe de précaution. »
Mais à deux mois de l’ouverture, le 5 août, le comité organisateur des Jeux exclut un report. Alors, « Too big to fail ? », demandent les 150 experts internationaux, qui évoquent plusieurs cas d’annulations dans l’histoire (1916, 1940 et 1944), sans oublier l’ajournement de la Coupe africaine des Nations, en 2014, pour cause d’Ebola. « En 2008, objecte le Dr Schamasch, l’OMS a su agir de manière très responsable en maintenant les Jeux à Pékin après l'épidémie SRAS. Le CIO a l'expérience des crises sanitaires. »
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