Alors qu'Emmanuel Macron a promis mardi un vaccin « pour tous les Français qui le souhaitent » d'ici à la fin de l'été, et que l'Île-de-France, les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté ont dû interrompre la campagne vaccinale à destination des publics prioritaires en raison de la pénurie de vaccins, les gériatres sonnent l'alerte.
Car si les EHPAD privés sont satisfaits de la vaccination dans leurs établissements, les composantes* du Conseil national professionnel (CNP) de gériatrie, au contraire, dénoncent « la non-priorisation » sur le terrain des personnes à risque le plus élevé de développer des formes graves – les plus de 75 ans les plus fragiles, dont les résidents d’EHPAD et les personnes suivies à domicile (SSIAD ou HAD).
La profession en veut pour preuve une directive ARS des trois régions précitées parue le 22 janvier, ayant recommandé aux centres de vaccination de déprogrammer « l’ensemble des rendez-vous de primo-vaccination prévus jusqu’au 2 février inclus ». Cette directive, justifiée par les difficultés d’approvisionnement en vaccins Pfizer, visait à garantir l’administration de la seconde injection « pour toutes les personnes ayant déjà reçu la première en janvier ». Mais dans les faits, cette demande n’est pas suivie, s'inquiètent les gériatres.
Âgisme
Au final, ils craignent que certains primo-vaccinés âgés fragiles « ne soient pas au rendez-vous de la seconde dose ». Et déplorent que la priorisation affichée politiquement (+75 ans fragiles et 65/74 ans polymorbides) « ne se traduise pas sur le terrain au niveau logistique ». « Les flambées épidémiques que nous connaissons actuellement sont dues à notre incapacité à privilégier la vaccination auprès des populations cibles, comme cela a été décidé politiquement. Nous sacrifions les résidents d’EHPAD et des résidences autonomie », alertent même les spécialistes du grand âge. Selon eux, près de 1,5 million de doses leur ont été « confisquées » et moins d’un tiers des patients à risque ont été vaccinés à ce jour.
Les instances de la gériatrie dénoncent « l’âgisme de notre société » et appellent à une solidarité envers les personnes prioritaires qui ont « plus que jamais besoin d’être protégées » face aux nouveaux variants. « Nous ne sortirons pas de cette crise sanitaire et de cette épidémie tant que la campagne vaccinale ne se déploiera pas de la façon dont elle a été décidée par le gouvernement », indiquent-ils. Pour plus de transparence, les gériatres demandent une publication hebdomadaire du taux de couverture vaccinale des 75 ans et plus.
* Collège national des enseignants de gériatrie (CNEG), Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), Syndicat national de gérontologie clinique (SNGC), Association des jeunes gériatres (AJG), Association nationale des médecins coordonnateurs et du secteur médico-social (MCOOR), Fédération française des associations de médecins coordonnateurs (FFAMCO), Syndicat des médecins coordonnateurs en EHPAD (SMCG-CSMF), Association nationale des gériatres et gérontologues libéraux (ANGGEL).
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