Avec la procréation, l’embryologie et la génétique humaine, le prélèvement et la greffe représentent l’un des quatre champs de compétence de l’Agence de la biomédecine, qui a vu le jour il y a dix ans et dont les 4es Journées se dérouleront les 28 et 29 mai prochains à Paris (1).
Dans ce domaine, "l’Agence intervient avec quatre casquettes principales", rappelle Anne Courrèges, qui en a pris la direction le 5 janvier dernier. Une casquette opérationnelle de pilotage de l’activité de greffe, avec la gestion du registre des refus et de la liste nationale d’attente, la coordination des prélèvements et la répartition des greffons. Une fonction d’agence sanitaire classique d’évaluation et d’accompagnement des professionnels. Une fonction éthique, "l ’Agence portant les valeurs d’équité, de solidarité et de transparence de la loi de bioéthique qui l’a créée". Enfin, elle est en charge de la promotion du don et de l’information des professionnels de santé et du grand public.
16% des greffes à partir de donneurs vivants
"Les résultats de l’année 2 014 sont très encourageants", poursuit Anne Courrèges. Le nombre total de greffes est passé de 5123 à 5357, en progression de 4,5 %, et cette évolution est encore plus nette pour les greffes rénales en augmentation de plus de 5 % (3 232 versus 3 074 en 2 013). "Surtout, et c’est là l’un des grands chantiers de l’Agence, les greffes par donneurs vivants ont dépassé l’an dernier la barre symbolique des 500 (514 très précisément) pour représenter 16 % des greffes rénales. L’objectif des 20 % fin 2 016 sera vraisemblablement atteint et nous tenons à remercier toutes les équipes qui se sont mobilisées", souligne Anne Courrèges avant de rappeler que la situation de pénurie demeure avec plus de 14 000 personnes en attente de rein dans notre pays. "Nous sommes donc toujours très mobilisés et devons travailler avec l’ensemble des professionnels et des associations au quotidien afin de lutter contre cette situation".
Parmi les autres chantiers de l’Agence : la mise en œuvre des prélèvements sur donneurs décédés après arrêt circulatoire suite à la limitation ou l’arrêt des thérapeutiques. "Nous sommes arrivés au bout d’une réflexion, longue mais nécessaire pour que le sujet soit partagé avec les professionnels, les comités d’éthiques des sociétés savantes, les associations et les parlementaires, rapporte Anne Courrèges. En décembre dernier, la première convention a été signée avec le Centre hospitalier d’Annecy, qui permet de mettre en œuvre un protocole assez rigoureux- une nécessité dans un domaine où rigueur est synonyme de vertu- qui assure une étanchéité entre ce qui est la fin de vie et ce qui est le prélèvement d’organes. L’année 2 015 sera une phase d’expérimentation et d’évaluation de ce protocole, auquel devraient adhérer deux ou trois autres équipes cette année".
Dans un registre plus qualitatif, le nouveau score rein, score national pour l’allocation des greffons, a été mis en place le 3 février dernier après une concertation poussée avec les professionnels et les associations. "Compromis entre les impératifs d’efficacité, d’équité et de faisabilité, ce nouveau score vise notamment à assurer un meilleur appariement en âge entre donneurs et receveurs au profit notamment des jeunes receveurs et à réduire les disparités régionales", explique Anne Courrèges, qui insiste sur le souci de suivi et d’évaluation de ce score en toute transparence. Un suivi à court et moyen terme des donneurs vivants est également l’un des axes de réflexion de l’Agence de la biomédecine, "donneurs qui à 96 % conseilleraient l’expérience, ce qui est rassurant et valorisant".
Améliorer l’accès à la greffe, tout en respectant les impératifs de qualité, d’éthique et de sécurité qui participent à la confiance. Telle est la priorité de la nouvelle directrice de l’Agence de biomédecine, qui se dit profondément marquée par le stage hospitalier en service de dialyse qu’elle avait effectuée alors qu’elle était élève à l’École nationale de santé publique, avant d’intégrer l’ENA.
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